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Nous recevons régulièrement des demandes de personnes qui souhaitent devenir nonne bouddhiste.

Devenir nonne, cela signifie s’engager dans une tradition, se raser la tête en signe extérieur de renoncement, porter un vêtement monastique et obéir à un certain nombre de préceptes. Être nonne recouvre néanmoins plusieurs réalités avec des variantes importantes selon les traditions.

La première des choses est de savoir dans quelle tradition vous voulez devenir nonne, pour cela, en savoir un peu plus sur les différentes écoles :
ensuite, avoir une idée de la situation des nonnes bouddhistes dans leur pays d’origine et en Occident,

voir l’état des lieux, les choses évoluent constamment :

Les nonnes tibétaines en lutte pour la reconnaissance de l’égalité des sexes dans le bouddhisme tibétain

Nonnes zen au XXème siècle

Où en est la pleine ordination dans la tradition Théravada

Voir aussi l’école récente du zen vietnamien
Dans tous les cas, il est indispensable de faire des stages, des retraites, et finalement de postuler pour être éventuellement acceptée dans une communauté.

Si l’on est dans le Théravada, on va rejoindre une communauté comme Arya Nani en Birmanie, Ajahn Sundara en Angleterre.
Si l’on est dans le zen japonais, être nonne n’implique pas forcément rejoindre une communauté ni quitter son environnement comme le vivent des enseignantes de la lignée de Maitre Deshimaru, mais cela peut l’impliquer aussi si la nonne veut aller se former au Japon.
Pour le zen vietnamien du Vénérable Thich Nhat Hanh, cela signifie rejoindre sa communauté dans l’un de ses centres.
Si l’on est nonne dans le bouddhisme tibétain, cela implique généralement de rejoindre un centre et une lignée.

L’obéissance aux préceptes est également différente selon les traditions

La théorie

  • Le Vinaya Pitaka du Théravada (Myanmar, Cambodge, Laos, Sri Lanka, Thaïlande) : le patimokkha comprend 227 règles pour les moines et 311 pour les moniales. Ces règles ont été figées dans le temps alors qu’elles étaient flexibles du temps du Bouddha, le résultat est que, désormais, elles sont parfois en décalage avec notre époque et nécessitent que les monastiques soient nécessairement secondées dans leur quotidien par des laïques
  • Dans la tradition Mahayana, le Dharmagupta Vinaya, (Chine, Japon, Corée, Vietnam), le patimokkha prévoit 250 règles pour les moines et 348 pour les moniales.
  • Le Mulasarvastivada Vinaya, (région himalayenne et Mongolie) ; le patimokkha impose 253 règles aux moines et 364 aux moniales.

La pratique

  •   Dans le Théravada, la novice obéit à 10 préceptes, puis, si elle reçoit l’ordination complète, elle obéit aux 311 règles du vinaya, mais l’ordination complète est toujours problématique en Thaïlande, est non envisageable à Amaravati en Angleterre, n’existe pas en Birmanie, est devenue acceptée au Sri Lanka et est pratiquée désormais aux Etats-unis et en Australie.
  • Dans le Zen soto, Maitre Dogen a ramené à 16 les préceptes jugés essentiels. Par ailleurs, pour des raisons historiques, les monastiques sont autorisés à se marier, bien que cela concerne essentiellement les moines.
  • Dans le Zen vietnamien du Vénérable Thich Nhah Hanh, les nonnes et les moines obéissent aux quatorze préceptes formulés par le maitre et adaptés aux exigences de notre temps.
  • Dans le bouddhisme tibétain, les nonnes sont toujours regardées comme des novices et obéissent à dix préceptes, quel que soit leur temps d’ordination, puisque l’ordination complète est toujours refusée aux nonnes par la hiérarchie de plusieurs lignées, en dépit du soutien du Dalaï lama et du Karmapa (voir l’annonce récente de ce dernier). Les nonnes qui veulent la complète ordination n’ont d’autre choix à l’heure actuelle que d’aller à Taiwan, dans la lignée Mahayana. C’est ce qu’ont fait plusieurs nonnes occidentales comme Jetsunma Tenzin Palmo.

Il faut encore préciser qu’il existe, dans le bouddhisme tibétain, une confusion entre l’engagement monastique et le fait d’être lama. Les deux portent la robe rouge, mais cela n’a pas le même sens. On peut être lama sans être monastique et on peut être monastique sans être lama. Lama est généralement le titre accordé à celles et ceux qui ont effectué la retraite de trois ans, il existe des lamas mariés, chez les Nigmapas notamment.

Il y a également des lignées contemporaines qui ont choisi de ramener les préceptes aux règles les plus essentielles :

  • La lignée Shambala créée par Chogyam Trungpa a défini un nombre de préceptes et un processus d’ordination propre à la lignée.
  • La Nouvelle Tradition Kadampa fondée par le Vénérable Guéshé Kelsang Gyatso respecte 10 préceptes de bases.
  • La communauté Triratna, fondée par Shankarakshita, comporte un ordre bouddhiste qui n’est ni monastique, ni laïc, l’observance des préceptes variant selon le degré d’engagement.

La question du soutien matériel aux monastiques diffère également selon les contextes et les traditions. Ayya Yeshe dont nous avons rapporté l’expérience dans le numéro précédent du magazine a fait état des grandes difficultés qu’elle a rencontrées pour trouver le moyen de subsister tout en étant nonne.
Le nombre de monastiques occidentales qui quittent la robe pour différentes raisons après quelque temps est important. Ce qui ne veut pas dire que l’expérience soit négative pour elles. Tout cela doit être pris en considération.

Cinq enseignantes qui sont ou ont été nonnes pendant une longue période ont accepté de partager leur expérience. Et deux nonnes américaines de la tradition tibétaine ont écrit sur ce sujet

Arya Nani/Ariya Baumann
Arya Nani/Ariya Baumann
Ariya Nani est d’origine Suisse. Après avoir terminé ses études au conservatoire de Zürich, elle enseigne pendant quelques années et c’est durant cette période qu’elle commence à pratiquer la méditation dans différentes traditions bouddhistes. En 1992 Lire la suite

Martine Batchelor
Martine Batchelor
Martine Batchelor reçoit l’ordination de moniale en Corée en 1975 du maître zen Kusan Sunim, dont elle devient la traductrice et l’interprête, elle a traduit son livre The Way of Korean Zen. Elle restera 10 ans en Corée. Lire la suite

Joshin Sensei
Joshin Sensei
Joshin Sensei a passé plusieurs années à Zuigakuin, temple de montagne au Japon dirigé par Maître Moriyama. Elle y a été ordonnée en 1986, et a reçu le Sceau de la Transmission en 1990. Lire la suite

Elisabeth Drukier
Elisabeth Drukier
Elisabeth Drukier rencontre le bouddhisme en 1974 au cours d’un voyage au Népal, elle se rend par curiosité au monastère de Kopan qui donnait un cours de méditation, près de Katmandou. Quand elle arrive dans ce monastère, Lire la suite

Guen Lhamo
Guen Lhamo
Guèn Kelsang Lhamo est disciple du Vénérable Guéshé Kelsang Gyatso depuis 1984 et l’enseignante principale du Centre de Meditation Kadampa Shakyamouni à Paris. Lire la suite

Tubten Chodron
Tubten Chodron
Thubten Chodron a grandi près de Los Angeles. En1975, elle assiste à un cours de méditation donnée par Ven. Lama Yeshe et Ven. Zopa Rinpoché et part dans leur monastère au Népal. En 1977, elle reçoit l’ordination de nonne novice et en 1986, elle va à Taiwan Lire la suite

Karma Lekshe Tsomo
Karma Lekshe Tsomo
Karma Lekshe Tsomo, spécialiste en études bouddhiques, enseigne à l’université de San Diego en Californie des cours de religions comparées. Comme Jetsunma Tenzin Palmo et Thubten Chodron, Karma Lekshe Tsomo s’est rendue à Taïwan Lire la suite

 

Lire ici un court rappel de l’origine des nonnes par Martine Batchelor

Lire ici un texte en français sur la préparation à l’ordination par l’International Mahayna Institute.