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Subha – De beaux yeux –

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Extrait résumé de l’histoire de Subha
tiré de l’ouvrage :

Women of the Way par Sally Tisdale

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Après les vies de mérites accumulés, Subha était né au temps du Bouddha en tant que fille d’un éminent brahmane à Rajagaha. Elle chantait les rituels védiques, portait les lampes au temple et interrogeait en vain son père sur le sens de la vie.

Quand elle entendit le Bouddha enseigner à son père, elle réalisa en un instant le vide de la vie qu’elle menait et en elle s’éleva impérieux le désir de mener la vie pure et simple des nonnes. Avec la permission réticente de son père, elle rejoignit la communauté des nonnes et pratiqua assidûment les enseignements du maître.

Un jour, tandis qu’elle marchait dans un bois de manguiers près de Jivakamba, la jeune femme fut accostée par un jeune homme de la ville. Comme beaucoup d’hommes, il considérait toutes les femmes de la même façon : ou bien elles étaient la propriété d’un homme en particulier ou bien elles étaient disponibles pour tous.

L’homme barra le chemin de Subha et lui fit une proposition grossière. il sentait l’alcool de riz. « Excusez-moi lui dit-elle, ceci est contre la règle monastique, vous le savez. »

Il ne bougea pas d’un pas. Elle protesta à nouveau, en vain. L’homme répéta sa suggestion. Il se regardait comme un amant formidable et lui décrivit avec force détails ce qu’ils pouvaient faire dans la prairie en fleur, et de quelle manière célébrer le printemps.

Subha restait impassible, attendant simplement qu’il s’écarte de son chemin.

Il essaya une autre tactique. « Tu es seule lui dit-il en élevant la voix, tu ne sembles pas effrayée, je pense qu’au fond tu es d’accord, et j’aime tes yeux, tes yeux langoureux. »

« Ce corps est mort, fut sa réponse, qu’y vois-tu de valable ? »

« Tes yeux sont pareils à ceux d’une gazelle, pareils à des boutons de lotus, leur forme me rend plus impatiemment amoureux que jamais. »

Subha entreprit de lui enseigner les vérités spirituelles dont elle était toute imprégnée.

L’homme ne l’écoutait pas, il la saisit finalement par sa robe et répéta avec un grand rire : « j’adore tes beaux yeux »

« Ces yeux ne sont que des balles, des balles visqueuses, dit-elle avec force !

Elle plongea ses doigts dans une orbite et tendit à l’homme éberlué un oeil sanguinolent. Tiens, prends mon oeil que tu trouves si beau ! »

Horrifié l’homme s’enfuit en courant et pendant longtemps ses amis ne le reconnurent plus, lui si bruyant était devenu muet et ne s’intéressait plus aux filles.

Quant à Subbha, elle revint vers le Bouddha, instantanément, sa vue lui fut rendue. Elle vit alors toutes choses d’un regard complètement neuf et libre.

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Nous avons choisi cette histoire en relation avec le thème du magazine sur le corps car nous sommes touchées par ce refus indomptable d’une femme d’être regardée comme un corps, un simple objet de désir masculin.

Subha affirme avec force qu’elle a une dimension spirituelle, qu’elle est un être spirituel.

Cette histoire est tirée de l’ouvrage de Sally Tisdale Women of the Way relatant l’histoire d’une cinquantaine de femmes qui, au fil des siècles, ont laissé dans les mémoires la trace de la détermination de leur aspiration spirituelle. Sally Tisdale l’a mise en scène après l’avoir trouvée dans le Thérigatha, recueil de poèmes des premières femmes bouddhistes célébrant leur Eveil, paru sous le titre Le Bouddha et les femmes que nous avons déjà présenté dans le magazine.