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L’extraordinaire est toujours là par Ruth Denison

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Quelques phrases de Ruth Denison

Être ouvert et accepter tout ce qui survient avec la clarté de l’attention, sans préférer ou non.

Voir vient de l’intérieur vers l’extérieur, et non pas de l’extérieur vers l’intérieur.

Témoin de la vie en vous. Pas «ma» vie, car il n’y a pas de possesseur.

Que le silence de l’esprit permette de recevoir l’énergie du corps.

Lorsque nous utilisons la respiration pour calmer l’esprit, le désir cesse.

Ne laissez pas la pensée vous priver de vos expériences.

La méditation n’est pas une recherche de quelque chose, c’est plutôt un voyage pour découvrir ce qui est ici.

Ne pas avoir conscience de notre vraie nature conduit à l’insécurité et de la peur.

L’extraordinaire est toujours là par Ruth Denison

Ma connexion au Dharma a commencé tôt dans l’enfance. Mon père avait une grande pépinière florale. Je donnais de l’eau aux fleurs. et quand je voyais que l’eau était inégalement répartie, je pensais, celle-ci sera très triste. J’animais et pouvais sentir la vie de chaque être. Je revenais en arrière et j’apportais davantage d’eau à ces jeunes pousses qui n’avaient pas eu assez d’eau. Il y avait toujours quelque chose hors de l’ordinaire dans ma relation aux plantes et à la nature – Je ne me sentais jamais séparée.

Ma famille n’était pas particulièrement religieuse, mais en tant qu’enfant, je faisais ma prière chaque soir, et durant mon adolescence, je sentais qu’il y avait autre chose d’accessible que la manière ordinaire d’être. Une fois, j’ai lu le récit d’une femme sur la façon dont les choses avaient changé pour elle après qu’elle fut devenue nonne et alla vivre dans un monastère. C’était fort, cela m’a porté au delà de la façon ordinaire de vivre, de la façon habituelle de voir les choses, vers l’extraordinaire qui est toujours juste là, si vous vous permettez d’arrêter.

Des années plus tard, quand j’ai visité le célèbre moine érudit, le vénérable Nyanaponika Thera au Sri Lanka (Ceylan comme on disait alors), j’ai appris que la traduction littérale du mot pali dati (mindfulness) est «d’arrêter».

Vous devez vous arrêter pour prendre conscience de ce que vous faites. ../

Quand j’ai rencontré U Ba Khin, qui allait devenir mon professeur. Tout de suite il m’a dit: «Vous ne venez pas à une religion, vous venez à une pratique scientifique grâce à laquelle vous pouvez revenir à vous-même. »

U Ba Khin a traduit la pratique monastique en une pratique pour les laïcs. Pour commencer, je lui addressai la formule qu’emploient les moines, « S’il vous plaît, enseignez-moi le Dharma. » De lui, j’ai appris anapanasati, la pleine conscience de la respiration, pour recueillir l’esprit, puis les jhanas, ou états de concentration. Au fil du temps, j’ai pu devenir profondément absorbée et concentrée, et quand U Ba Khin vit cela, il dit qu’alors, j’allais pouvoir pratiquer le réel vipassana ou la pratique de la méditation attentive.

Alors que j’étais en Birmanie, je constatai que les retraites de sept à dix jours étaient un moyen efficace pour enraciner le dharma, de sorte que les laïcs pouvaient développer l’amour de la pratique et voir son effet karmique : la croissance et la bonté qui proviennent de sa mise en oeuvre. Lorsque l’occasion se présenta, c’était naturel pour moi d’enseigner à les laïcs à IMS. Je savais ce que cela pourrait signifier pour eux.

La chose qui a contribué à ma façon particulière d’enseigner fut l’étude, avant la Birmanie, de la Conscience Sensorielle (Sensory Awareness), qui est une manière de devenir plus profondément relié à l’expérience du corps. Ce n’est pas juste une question sensorielle, à travers cette pratique, vous pouvez vous percevoir comme un champ d’énergie en mouvement. J’avais toujours su cela intuitivement, mais après cette pratique, cette prise de conscience m’a permis d’avoir une connexion plus profonde avec mes élèves quand je travaille avec eux. S’il y a de la confusion ou de l’anxiété qui se manifestent, je peux me connecter avec eux là où ils sont, et les guider, en attirant leur attention sur les pieds, les mains, la tête, la peau, le cœur et ainsi de suite, en les aidant à être en contact avec ce qui se passe dans le corps. C’est mon style d’enseignement.

Une pratique que j’enseigne aux gens est de porter leur attention à la tête et de sentir la sensation de la force de la vie, puis se concentrer sur les sensations de la vie dans le corps. Au début, les gens ont souvent besoin d’être guidés, mais ils apprennent que, quand ils sont pris dans quelque chose de difficile, ils peuvent arrêter et renouer avec l’expérience du corps à cet instant même. Cela peut nous libérer de notre manière habituelle de gérer nos vies, et nous ouvrir à l’extraordinaire, qui est juste là.

Vous disposez de trois fabuleux effets karmiques ou résultats par le fait de porter votre attention sur les sensations corporelles. D’abord, vous avez l’expérience du physicien – comme les anciens maîtres le disait: «Mon corps est toute lumière, il n’a pas de substance.» Il s’agit d’anatta ou non-soi. Quand vous vous rapprochez de votre source de vie et de votre énergie, vous voyez constamment les phénomènes qui apparaissent et disparaissent. Alors vous vous rendez compte de la grande loi naturelle de l’existence : impermanence, anicca. En voyant ces deux choses, anatta et anicca, vous êtes mis face à face avec la caractéristique de la vie sans la sagesse : dukkha.

Entrer profondément en contact avec la vitalité du corps est une pratique tellement belle. Un jour, deux moines m’ont amené quinze femmes thaïlandaises et me dirent: «Maintenant, montrez-nous comment vous leur enseignez. »
J’ai donc passé deux heures avec eux et, par la suite, l’une des femmes m’a dit à quel point sa compréhension des enseignements s’était approfondie grâce à notre travail ensemble.

La principale caractéristique de l’enseignement du dharma, et de notre pratique, est l’attention. Dans nos vies ordinaires, nous avons besoin d’une certaine attention et de concentration ; après tout, même si vous voulez bien polir un plancher, vous devez y porter une certaine attention. Mais quand vous passez de cette façon ordinaire d’être à l’extraordinaire, vous savez ce que vous faites et vous savez que vous le savez.

Il y a quelques années j’ai fait une chute. J’ai alors développé une fièvre et il y a eu un moment où je pensais: «Je ne vais pas m’en sortir. » J’ai vu les obstacles en face de moi, presque matérialisés. Mais je ne leur ai pas permis pas de venir plus près. J’étais très consciente de la signification de « Stop. » Il y avait un silence en moi. Il était tangible. J’aurais pu lâcher, mais à ce moment-la, je connaissais le pouvoir de l’attention, et je n’avais pas peur de la mort. Je remarquais que je remarquais, mais c’était encore plus raffiné que cela : le connaisseur se connaissait lui-même. Et c’était si précis. Rien ne pouvait interférer. Je ne voulais pas mourir, mais je n’avais pas de conflit, pas de résistance. J’ai vu que c’était le chemin : rester juste là, à sentir la force de vie. Quand le souffle venait, je n’intervenais pas, mais j’étais totalement là, je m’offrais à cette force de vie. Et finalement, j’ai guéri.

Même avec mes infirmières et des aides soigantes à l’hôpital là-bas, j’ai injecté un peu de l’autre aspect de la vie, de l’extraordinaire qui est toujours là. Et elles me laissaient de petits mots, « Merci pour le partage de votre esprit. »

Vous voyez, là où je suis, je suis toujours en train d’enseigner

Source : Insight Newsletter fall winter 2010/2011 – Traduction Bouddhisme au féminin

 

Vidéo : Enseignement de Ruth en 2011