Accueil Magazine N° 01 Eté Automne 2005 Tenzin Sonam Nawanj : une tibétaine oecuménique

Tenzin Sonam Nawanj : une tibétaine oecuménique

Actualités des religions (devenu Le Monde des religions) n° 44 décembre 2002

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Elles s’étaient donné rendez-vous à Genève, au début du mois d’octobre, le temps d’une rencontre intitulée « Initiative pour la paix globale des femmes leaders religieuses et spirituelles ». Elles étaient près de six cents, venues des quatre coins de la planète, et déterminées à apporter, chacune à sa manière, son écot à la gestation d’un monde meilleur. Notre envoyée spéciale a rencontré quelques-unes de ces femmes. Elle a été frappée par la richesse de leurs expériences, par la force de leur témoignage. Au-delà des différences de cultures, de langues, de religions, ces femmes avaient toutes un point commun : une envie de faire. D’agir. Ecoutons-les…

Par Djénane Kareh Tager

Elle trottine, minuscule dans sa robe safran, le crâne rasé, un éternel sourire aux lèvres. Ce sont des signes indicibles qui nous indiquent que cette nonne-là, débarquée tout droit de Dharamsala, n’épuise pas ses journées dans la seule voie contemplative. C’est peut-être son regard qui nous dit ça ? Un regard de braise, des yeux immenses qui dévorent son visage. Ou alors sa démarche ? Ces petits pas assurés, cette manière qu’elle a de se diriger tout droit vers son but…

Elle est née au Tibet, qu’elle a fui dans le sillage du Dalaï-Lama. A Dharamsala, elle a vu affluer d’autres réfugiées, souvent très jeunes, qui avaient choisi de quitter leur pays afin de pratiquer librement leur voie spirituelle. Elle en a accueilli une, puis deux, puis dix, qui se destinaient à être nonnes dans l’une ou l’autre des écoles du bouddhisme tibétain, et ne savaient par où commencer.

Cet oecuménisme était inédit dans le paysage tibétain. Le mouvement s’amplifiait, son adresse circulait de bouche à oreilles, alors Tenzim Sonam Nawanj a franchi le pas, créant une association, la Lobsang Dechen (deux mots qui signifient «pureté du coeur» et « paix» ). « Pour résumer les choses, je dirais que c’est une pépinière de nonnes, dit-elle. Nous accueillons les femmes qui se sentent une vocation, nous les aidons à la concrétiser. »

Six cents futures moniales sont actuellement formées grâce à cette association…