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Ayu Khadro, yogini

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L’histoire de Ayu Khadro est tout à la fois remarquable et semblable à celles de beaucoup d’autres yoginis qui ont vécu et sont mortes dans une quasi obscurité.

Sa biographie nous est parvenue grâce à Namkhai Norbu Rimpoche qui eut un bref mais très intense contact avec elle alors qu’elle avait déjà 113 ans et qu’il n’avait que quatorze ans.

Il étudiait dans un monastère et son professeur lui conseilla de rendre visite à une yogini accomplie, une grande dakini, nommée Ayu Khadro.

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Lorsqu’il la rencontra, elle ne paraissait pas particulièrement vieille, elle avait de longs cheveux noirs et des mains de jeune femme. Elle accepta de lui donner des enseignements, ce qu’elle refusait généralement, car elle avait eu auparavant un rêve de son maitre lui disant de le faire.

Il resta près d’elle deux mois durant lesquels elle lui transmit beaucoup d’enseignements et répondit à ses questions, réponses qu’il nota, fait inhabituel pour un tibétain, et ce sont ces notes qui ont permis de rédiger la biographie de Ayu Khadro.
(publiée dans l’ouvrage de Tsultrim Allione : voir dans notre rubrique livres Women of Widsom )

Lorsqu’elle naquit en 1839, le « Togden » Rangrig était dans la maison ce jour là et lui donna le nom de Dechen Khadro. (rappelons qu’un Togden est un yogi tibétain, et que c’est la lignée des Togdenma, yoginis Kargyuptas que Tenzin Palmo essaie de restaurer).
Cadette d’une nombreuse famille, Ayyu Khadro montra très jeune un intérêt intense envers une pratique spirituelle et décida à l’âge de sept ans de rejoindre sa tante qui vivait dans une grotte et pratiquait la méditation sous la direction spirituelle du Togden Rangrig.

Ayyu Khandro servait sa tante et l’acccompagnait lors de ses pérégrinations, y compris lors de visites à des lamas éminents, mais à l’âge de dix-neuf ans, ses parents firent pression sur elle et la marièrent pour des questions d’argent, en dépit de son ardent désir de poursuivre sa pratique. Elle resta mariée trois ans, puis tomba gravement malade.
Comprenant que l’origine de sa maladie venait du conflit entre la vie profane et la vie spirituelle qui l’appelait, son mari accepta de la laisser aller et le mariage fut dissous.

Elle retourna aussitôt vers sa tante et le Togden Rangrig qui mourut quelques années plus tard. Lors de la crémation de son maître, sa tante quitta son corps en posture de méditation et fut reconnue alors comme une grande yogini.

Dès lors, Ayyu Khandro mena une vie d’errance, accompagnée d’autres yoginis et yogis, recevant des enseignements au fil de ses rencontres avec des yogis plus avancés et pratiquant de façon intensive.

A l’âge de quarante six ans, elle entreprit une retraite de sept ans dans l’obscurité. Par la suite, elle s’installa dans une petite hutte de pierre où elle recevait des disciples. c’est là que Namkhai Norbu Rimpoche la rencontra.

Il revint sur place après sa mort et apprit les circonstances remarquables qui avaient entourées son départ de ce monde.
A l’âge de de 115 ans, trois semaines avant sa mort, elle donna des instructions pour préparer le bûcher de crémation. Elle quitta son corps en méditation, son corps restant dans la posture pendant deux semaines, d’autres prodiges se produisant au moment de la crémation.

Ayu Khandro est le modèle parfait de la yogini déterminée, qui passa sa vie à mettre en pratique les enseignements spirituels qu’elle avait reçus depuis son plus jeune âge.
Son chemin est très différent de celui de Dipa Ma également célébrée dans ce numéro, ce qui les rapproche, c’est leur désir ardent et exceptionnel de se donner à leur méditation, ce qui leur a permis d’atteindre les plus hautes réalisations. Elles sont pour nous une extraordinaire inspiration.