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Trouver l’espoir face à la mort par Christine Longaker

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trouverl'espoirChristine Longaker va devoir accompagner vers la mort son mari, atteint de leucémie. De cette épreuve et des enseignements du bouddhisme tibétain, elle a tiré des leçons de vie et elle nous transmet le fruit de son expérience en abordant des questions telles que : Comment nous préparer spirituellement à la mort ? Ou comment accompagner les malades et les mourants

Extrait du livre Trouver l’espoir face à la mort

Les mourants veulent être considérés comme des personnes vivantes.

Que nous nous considérions comme athées, juifs, chrétiens, musulmans, hindous ou bouddhistes, que nous croyions à la renaissance ou non, le plus important est de développer un « bon cœur » en domptant nos tendances égoïstes et en veillant sans relâche à faire preuve de compassion et d’amour envers les autres et à leur accorder notre pardon. C’est en développant ce « bon cœur » tout au long de notre vie que nous serons capables de nous réconcilier avec les autres, d’apporter la paix dans ce monde agité et d’affronter la mort en étant libérés de la peur.

Certes, il est possible de bien mourir sans les enseignements et les pratiques bouddhistes. Bien que mon chemin spirituel m’ait apporté espoir et inspiration, je n’ai aucunement l’intention d’imposer ces idées à qui que ce soit. Les vues et les pratiques spirituelles présentées ici sont destinées aux personnes qui désirent apprendre comment se préparer à leur mort de la meilleure façon possible et développer la confiance et le courage qui leur permettront d’apporter un soutien authentique autour d’elles. Lorsque vous vous occupez de personnes qui viennent de cultures ou de systèmes de croyance différents des vôtres, pensez toujours à les aider d’une manière appropriée à leur compréhension. Que vous puissiez ou non parler de spiritualité avec ceux qui souffrent ou vivent leurs derniers instants, vous pourrez toujours leur offrir en silence vos prières et vos méditations.

Les mourants veulent être considérés comme des personnes vivantes, ils veulent être acceptés avec compassion dans leur vulnérabilité et leur souffrance tout en continuant à être perçus comme des personnes à part entière. Nous y parviendrons d’autant mieux que nous serons préparés à notre propre mort, notamment en pratiquant la méditation qui nous permet de nous relier à notre essence véritable. Puis, lorsque nous serons au chevet d’un moribond, nous saurons avec certitude qu’il est plus que sa souffrance, plus que tout ce qui se manifeste alors à la surface : la confusion, la colère, le déni, la folie… Nous pouvons reconnaître et honorer la bonté inhérente de chacun, même si cet aspect semble obscurci.

Dès lors que cette compréhension fait partie de nous, nous ne sommes plus tentés d’exposer des bribes de connaissance philosophique ou des platitudes à une personne qui est sous l’emprise de la peur et de la confusion, et nous pouvons au lieu de cela lui offrir toute la richesse de notre cœur. L’accompagnement spirituel étant une expression de notre compassion et de notre sagesse inhérentes, il est notre manière d’être tout entière.

L’accompagnement des malades du sida

J’ai beaucoup appris des professionnels et des bénévoles qui apportent un soutien vital aux personnes séropositives ou atteintes du sida. Il y a toutefois un autre message que j’aimerais transmettre au sujet de l’épidémie du sida.

On m’a souvent fait part du récit tragique d’homosexuels qui avaient été jugés et rejetés après avoir révélé le diagnostic de leur maladie à leur famille. Je peux aussi comprendre l’extrême difficulté à laquelle se trouvent confrontés certains parents affectés par le deuil de leur fils, surtout s’ils vivent dans un milieu où ils pourraient être frappés d’ostracisme en annonçant la mort de leur fils ou en montrant leur chagrin. J’aimerais tant que l’on reconnaisse la peur que suscitent en nous ceux qui choisissent un style de vie différent du nôtre, et que l’on s’efforce de la vaincre. Notre tâche dans la vie est d’apprendre à aimer. L’amour est fondé sur la compréhension et l’acceptation, et la compréhension naît d’un dialogue ouvert et franc. Chaque personne est digne de notre plus grand respect, car chacun de nous est un « enfant de Dieu » à même de devenir un bouddha, un être éveillé.

Tous ceux qui ont besoin de notre soutien, que ce soit les personnes atteintes d’une maladie chronique ou incurable, les familles en deuil, les patients se remettant d’une crise cardiaque dans une maison de repos, tous ont aussi quelque chose à nous offrir. Lorsque nous nous relions vraiment aux autres, que nous leur accordons notre compréhension et notre amitié, nous recevons d’eux beaucoup plus que ce que nous leur donnons. Ce cadeau est plus satisfaisant pour l’esprit que le prestige, le pouvoir ou n’importe quelle somme d’argent.

En offrant notre soutien, comme professionnel ou comme bénévole, à ceux qui sont malades, souffrent ou vivent leurs derniers instants, nous pouvons apprendre à mieux nous connaître, à dire la vérité avec bonté et à découvrir les meilleurs aspects de nous-mêmes. Nous devons surtout adopter une attitude ouverte, en comprenant que plus nous apprenons, plus il y a à apprendre. Chaque fois que nous pénétrons dans le monde de la souffrance, nous avons une occasion unique de découvrir les aspects inachevés de notre être et, ce faisant, de guérir et grandir.

Paru dans la revue « Dharma – Compassion et médecine »

Source Buddha Line

Voir le thème de ce numéro : Notre départ de ce monde