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Les bikkhunis seraient-elles une menace pour les bikkhus ?

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Lire d’abord l’article sur l’excommunication d’Ajahn Brahm

On pourrait penser que les discriminations que subissent les nonnes sont des vestiges d’un autre temps, qu’elles tendent à s’effacer sinon à disparaitre, que les nonnes occidentales ne sont pas concernées, que la communauté actuelle des moines est plutôt favorables à l’ordination des nonnes, que le fruit des réalisations spirituelles des moines les plus anciens les amène à l’au-delà de la forme et donc de l’appartenance à une race, une couleur ou un sexe  et qu’enfin ils mettent leurs pas dans les pas du Bouddha historique qui a ordonné la première nonne, il n’est est rien, et l’excommunication d’Ajahn Brahm en est l’exemple tangible.

Reprenons le dossier. Il y a cinq ans, nous avons commencé ce magazine en traitant de l’impossibilité pour une nonne tibétaine de recevoir la pleine ordination. Cinq ans après, rien n’a changé. De même, dans le numéro trois du magazine, nous avons abordé la question des nonnes dans le Théravada et exposé la discrimination qui frappe les femmes en Thaïlande.

Nous avons toutes et tous vus des reportages sur ces files de moines thaïlandais tendant leur bol à des vieilles femmes agenouillés. Et les commentateurs généralement de s’exclamer avec admiration : et ça dure depuis 2500 ans… ! sans que JAMAIS, pas une seule fois, la question de l’absence de nonnes soit posée.

Dans une interview de Dammananda accordée en 2003 (traduite en français), Bhikkuni Dhammananda expliquait que l’absence de bikkhuni en Thaïlande n’était fondée sur aucune raison objective et les arguments de ceux qui s’y opposent n’ont aucun fondement. Elle-même est allée au Sri Lanka pour recevoir son ordination.

Le bouddhisme s’est répandu en Extrême Orient à partir de nonnes et de moines du Sri Lanka. Et quand l’ordre des nonnes du Sri Lanka a disparu, c’est tout naturellement qu’elles sont allées demander à leurs soeurs chinoises de les ordonner, ce qui a été fait et à présent, il y a plus de quatre cent nonnes ordonnées au Sri Lanka. Cela a été rendu possible grâce à l’obstination des nonnes et au soutien actif de certains moines face à la résistance d’autres moines qui ne voulaient pas que des femmes puissent suivre le même chemin qu’eux.

On est confronté au même genre de résistance chez les Tibétains et dans le Théravada, les moines ne veulent pas que des femmes puissent avoir le même statut qu’eux. Mais on lit parfois que la revendication des femmes à l’ordination sont l’expression de leur ego !!

Ajahn Brahm résume les choses de façon très simple : si être ordonné est une aide vers l’éveil, comment peut-on exclure les femmes ? et si ce n’est pas une aide, pourquoi les moines ne quittent-ils pas la robe ?

Après qu’il ait procédé à l’ordination complète de bikkhunis en Australie en octobre 2009, les autorités monastiques de Thaïlande l’ont « excommunié » et ont rompu les liens avec son monastère. Les moines occidentaux relevant de cette tradition ont été confrontés au choix à faire, soutenir Ajahn Brahm ou aller dans le sens des conservateurs thaï.

Dans un texte publié dans le Bangkok Post par Sanitsuda Ekachai, celle-ci expose combien la division qui vient de s’ouvrir dans la sangha occidentale du théravada thaïlandais est une opportunité pour les femmes et pour le bouddhisme, qui est tellement corrompu en Thaïlande que la majorité des gens évite de s’appesantir sur les scandales qui secouent régulièrement la sangha des moines. (Les moines de la forêt étant plus respectés parce que non impliqués dans ces scandales.)
Sanitsuda Ekachai commente la réaction douloureuse des laïques occidentales qui découvrent la discrimination que subissent les nonnes dans les monastères anglais d’Amaravati et de Cittaviveka.

1 – la relation structurelle, telle que définie par le Vinaya, de la sangha des bikkus par rapport à la sangha des siladharas est une relation de prédominance hiérarchique, de telle sorte que le plus jeune moine sera toujours « senior » de la plus ancienne siladhara. Comme cette relation est définie par le Vinaya, elle n’est pas regardée comme quelque chose que l’on peut changer.

2 – D’après ce qui précède, la direction (le leadership) de rituels où il y a à la fois des moines et des silhadaras – comme donner les préceptes, mener le chant ou donner un enseignement – est supposé revenir au moine senior présent. Il peut inviter une siladhara à le faire. Si cela devient une invitation regulière, cela ne signifie en aucun cas un nouveau statut de partage de leadership.

3 – La sangha des moines est responsable de l’ordination des siladhara de la façon dont Luang Por Sumedho l’était dans le passé. Les siladharas doivent se tourner vers la sangha des moines pour leur ordination et pour être guidées au lieu de se tourner exclusivement vers Luang Por. Une candidate à l’ordination de siladhara doit avoir l’accord de la sangha des silhadaras, puis doit recevoir l’accord de la sangha des bikkus représentés par les bikkhus qui siègent au conseil des Anciens.

5 – La formation de siladhara est considéré comme un véhicule adapté à la réalisation de la libération et est respecté comme telle dans notre tradition.(!!!) Elle est proposée comme un tout, telle qu’elle est et n’est pas une étape en vue d’une forme différente telle que l’ordination de Bikkhuni.

Les nonnes d’Amaravati et de Cittaviveka ont été ordonnées en tant que « siladhara », c’est-à-dire des novices suivant 10 préceptes. Cela n’existe pas en Thaïlande où aucune nonne n’est ordonnée, même novice. C’est Luang por Sumedho qui a institué cette ordination qui a été tolérée par les autorités monastiques thaï auquels les monastères d’Angleterre sont rattachés, parce que c’était en dehors de la Thaïlande.

Il semble que les responsables des monastères anglais aient choisi d’adhérer à la position conservatrice des responsables thaïlandais et rejettent à priori toute éventualité future d’une ordination complète pour les femmes. Les ordinations de siladharas sont suspendues. Il est désormais demandé aux nonnes déjà ordonnées d’accepter les cinq points suivants (qui ont été élaborés sans aucune discussion avec elles), faute de quoi leur ordination de siladhara sera mise en question. (Certaines sont ordonnées depuis vingt-cinq ans).

On peut trouver sur le site d’Amaravati un long argumentaire pour présenter ces cinq points. Le Vinaya (le code monastique) est regardé comme une autorité intangible, une sorte d’institution divine échappant à toute critique, mise en cause ou changement, toutes choses que le Bouddha aurait certainement désapprouvé, lui qui a changé le Vinaya plusieurs fois en raison de situations nouvelles nécessitant une adaptation. Rappelons en outre que le Bouddha a lui-même ordonné une bikkhuni, il ne lui a pas donné l’ordination de siladhara, mais bien une ordination complète.

Dans le long texte figurant sur le site d’Amaravati, il est fortement conseillé aux nonnes d’aller s’installer ailleurs, comme ça il n’y aurait pas de problème relationnels entre moines et nonnes. C’est oublier que ces monastères ont vu le jour grâce au soutien matériel de la Thaïlande, qu’ils continuent de recevoir cette aide ainsi que de la communauté thaïlandaise en Angleterre, toutes choses dont les nonnes ne pourront pas bénéficier, ce qui les place dans une situation très difficile.

On ne peut s’empêcher de se demander : est-ce que ces moines ont tellement peur de ne pas être à la hauteur des nonnes qu’ils se sentent obligés de les rejeter ou de leur mettre des barrières, pour bénéficier d’une « supériorité » qui n’aurait pas à passer l’examen de la réalité ?

Lire un ensemble de réflexions extrêmement intéressantes sur le sexisme, l’androcentrisme et la misogynie dans les institutions monastiques du bouddhisme Théravada traduit du blog de Bhante Sujato, moine dans cette tradition. (version anglaise ici)

vidéo : Ajahn Brahm prend la parole après l’excommunication

En France, il est possible de pratiquer sans discrimination entre hommes et femmes au village des Pruniers, et dans le zen en général. Pour le bouddhisme tibétain, voir s’il y a des lamas femmes qui enseignent. (On peut être lama sans être moine ni nonne), de toute façon, il y a aussi un problème d’ordination des femmes dans le bouddhisme tibétain.

En 2015, un grand nombre de nonnes d’Amaravati sont parties, celles qui le souhaitaient ont reçu l’ordination complète aux Etats unis. Il y a à présent plusieurs lieux de formation et de pratique issues des nonnes formées initialement à Amaravati.

Voir ci-dessous (lieux anglophones)

Aloka Vihara is located in the Sierra foothills near Placerville, California, and you can find more information about them at www.saranaloka.org

Another place of training is Aranya Bodhi Forest Hermitage. You can find out more information about them at www.aranyabodhi.org

In Ontario, Canada there is a community for nuns called Sati Saraniya Hermitage and you can find more information at www.satisaraniya.ca

You can visit a website called the Alliance for Bhikkhunis at www.bhikkhuni.net

Twenty-five minutes south of Abhayagiri in Ukiah, California, is the City of Ten Thousand Buddhas (CTTB). This is a Mahayana Monastery in the tradition of Dharma Master Xun Hua and has over 60 Bhikshunis training on-site. You can find more information at www.cttbusa.org. For more specific information on monastic training at CTTB you can go to sltp.drba.org.