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Question aux enseignantes, samata

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Deux enseignantes répondent à une questions posée par un(e) pratiquant(e):
– Zenkei Blanche Hartmann de la tradition Zen, ancienne abbé du San Francisco Zen center,
– Narayan Helen Liebenson, enseignante au Cambridge Insight Meditation Center de la tradition Théravada.

Question : Il y a quelques années, j’ai découvert un livre intitulé le Développement de l’esprit par le Vénérable. Phra Tepvisuddhikavi. J’ai commencé à l’étudier et à pratiquer ses enseignements sur anapanasatibhavana, l’attention basée sur la respiration. À la suite d’un premier effort, je suis parvenu à atteindre une concentration focalisée et l’extase en résultant (piti) à un degré intense. Cependant, je n’ai pas maintenu une habitude régulière de la pratique, et j’ai généralement limité ma pratique à 30 minutes par session. Maintenant je trouve qu’il m’est plus difficile de me concentrer sur un seul point et souvent, je m’assoupis. Qu’est-ce que je fais, ou ne fais pas, qui m’empêche de développer la méditation comme au début ? J’ai essayé la méditation avec les yeux ouverts, mais cela me distrait. Je suis plus intéressé par les aspects de shamatha de la pratique. Pouvez-vous s’il vous plaît m’aider à retrouver cette concentration sur un seul point que j’ai trouvé si facile au début?

Narayan Liebenson Grady : Si vous cherchez des niveaux profonds de samadhi, une demi-heure par jour ne va probablement pas suffire, sauf si vous avez un karma extrêmement inhabituel.

Toutefois, pour replacer votre question dans un contexte plus large, vous pourriez porter votre attention sur la deuxième Noble Vérité, qui est, bien sûr, que l’attachement est souffrance. Parce que vous avez eu une expérience tellement délicieuse à votre premier essai, la tendance de l’esprit est de s’y accrocher et de diriger vos efforts pour retrouver cette expérience. Toutefois, la loi de l’impermanence révèle que ce n’est pas possible. C’est une excellente occasion de voir clairement l’impermanence et de pratiquer le lâcher-prise.

La liberté réside dans le fait de lâcher de toutes les expériences, même les états méditatifs positifs. Notre pratique peut se concentrer sur le désir de planer ou il peut être dirigé vers ce qui est durable et indestructible. J’encourage cette dernière approche. Soyez conscient d’essayer de répéter une expérience. Soyez conscient de la déception et du découragement, et d’essayer d’atteindre un état d’esprit particulier. Vous serez bien sur le chemin.

Blanche Hartman : Je suis désolée de ne pas pouvoir vous dire comment revenir à un état d’esprit expérimenté dans le passé.

J’en suis venu à regarder des moments de clarté tels que vous les décrivez comme des cadeaux de l’Univers plutôt que comme une réalisation personnelle. Tout ce que je peux faire est de cultiver un esprit calme, sans saisie, non discriminant qui est prêt à recevoir ces dons. Mon enseignant parlait toujours de n’avoir «aucune idée de gain » et «pas d’esprit de recherche d’un but.» Il disait également :«le Zen consiste à toujours faire votre meilleur effort à chaque instant, toujours.» «Qu’est-ce que faire l’effort sans aucune idée de gain ?» est devenu mon koan principal pendant de nombreuses années.

Dans le prologue de son livre « Esprit Zen, esprit neuf « , Suzuki Roshi dit, « Pour les étudiants du Zen, la chose la plus importante est de ne pas être dualiste. Notre « esprit originel »comprend tout en lui-même. Vous ne devez pas perdre cet état d’esprit qui se suffit à lui-même. Cela ne signifie pas un esprit fermé, mais en fait, un esprit vide et un esprit prêt. Si votre esprit est vide, il est toujours prêt à tout; il est ouvert à toute chose. Dans l’esprit du débutant, il ya beaucoup de possibilités; dans l’esprit de l’expert il y en a peu. Si vous discriminez trop, vous vous limitez. Si vous êtes trop exigeant ou trop avide, votre esprit n’est pas riche et autosuffisant… Dans l’esprit du débutant, il n’y a pas la pensée: ‘J’ai atteint quelque chose.’ Toutes les pensées égocentriques limitent notre esprit vaste. Lorsque nous n’avons aucune idée de la réalisation, aucune pensée de soi, nous sommes de vrais débutants. Alors, nous pouvons vraiment apprendre quelque chose. L’esprit du débutant est l’esprit de compassion. Quand notre esprit est compatissant, il est sans limite. Dogen-Zenji, le fondateur de notre école, a toujours souligné combien il est important de revenir à notre esprit originel. Alors nous sommes toujours fidèles à nous-mêmes, en sympathie avec tous les êtres, et nous pouvons effectivement pratiquer.

Pour le bénéfice de tous les êtres, continuez, s’il vous plaît, à faire de votre mieux, sans aucune idée de gain. Rencontrez chaque instant comme-il-est et acceptez avec gratitude tout ce qu’il a à offrir. Bonne chance! »

Source Buddhadharma – Traduction Bouddhisme au féminin