La soirée organisée par l’association Briancon Urgence Tibet et Amnesty International ce samedi 19 mai a offert au public nombreux une prestation de grande qualité grâce, entre autre, à la participation de notre amie Passang, porte parole du groupe des Femmes Tibétaines en Suisse. Avec beaucoup de douceur et de compétence, elle a décrit le sort terrible qui est fait aux femmes tibétaines par l’occupant chinois. Le constat est accablant et ne peut laisser insensibles les femmes et les hommes libres de notre pays.
Le Tibet se trouve entre la Chine, à l’Est, l’Inde, au Sud et la Russie au Nord Ouest, dans une zone stratégique, au dessus des chaînes himalayennes, dont le sommet le plus haut est à 8848 m l’Everest, en tibétain Chomolungma. L’altitude moyenne au Tibet est de 4000 m, comme sa capitale Lhassa.
Le Tibet est constitué de 3 grandes provinces : l’Utsang (Tibet central), l’Amdo et le Kham (Tibet de l’est) qui représentent une superficie de 2,5 millions de Km2, l’équivalent de l’Europe occidentale mais ne compte que 6 millions d’habitants.
Les plus grands fleuves de l’Asie du Sud-est prennent leur source au Tibet (le Yangtsé, le Mékong, le Huangho, le Brahmapoutre, l’Indus, le Salouène, le Sutlej, etc…)
Les Tibétains vivent de l’agriculture et de l’élevage. La majorité des Tibétains sont bouddhistes et böns (religion indigène du Tibet), l’islam et le christianisme trouvent aussi leur place. La civilisation tibétaine s’étend au-delà de ses frontières (Ladakh, Népal, Sikkim, Bhoutan, Mongolie)
En 1949, la Chine envahit par la force le Tibet sous prétexte de le libérer des impérialistes occidentaux. A cette époque, on ne comptait que quelques occidentaux au Tibet. A l’époque de son annexion, le Tibet était un état totalement indépendant et remplissait, selon le droit international, tous les critères d’un pays indépendant. La RPC divisa le Tibet en 6 zones. Plus de la moitié du territoire originel fut rattachée aux provinces chinoises (Qinghai, Yunnan, Ganzu) Le Tibet Central et une petite partie du Tibet Oriental (Kham) fut dénommé, en septembre 1965 la « région autonome du Tibet » par les autorités chinoises et ne compte que 2,5 millions d’habitants.
La situation actuelle au Tibet est, qu’après 50 ans d’occupation chinoise, un peuple et une culture bouddhique de plus de 2000 ans est en train de mourir en silence.
Depuis 50 ans, le peuple tibétain souffre de répression continue et résiste tant bien que mal pour conserver son identité, sa culture, sa religion. Les droits les plus élémentaires d’expression, de culte, de réunions, le droit légitime d’un peuple à l’autodétermination et le respect de ses libertés fondamentales lui sont refusés.
Le Tibet est devenu une immense prison où la terreur et la torture règnent. Le bilan est de 1,2 millions de morts (victimes de guerre, d’exécutions, de famine, de torture, des camps de concentration et de suicides), 6000 monastères et bâtiments historiques détruits, l’environnement du plateau tibétain détruit (déboisements massifs des forêts, implantations de fabriques d’armes atomiques, dépôts de déchets nucléaires et exploitation des richesses minières au profit de la Chine (or, argent, pétrole, lithium, uranium, métaux rares, gaz, etc…)). Le transfert massif de colons chinois domine la vie politique, sociale, économique et administrative et réduit les Tibétains à des citoyens de 2ème classe dans leur propre pays.
D’après des statistiques récentes, 70 % de la population tibétaine vit en dessous du seuil de pauvreté. Ces transferts ont engendré un taux d’inflation de 300%, une société à 2 classes, divisée de manière tranchée selon les critères raciaux et un chômage sans précédent pour les Tibétains au profit des nouveaux venus. La langue tibétaine n’est plus enseignée dans les classes secondaires. Les enfants tibétains sont discriminés sur le plan de l’éducation et, par conséquent, du marché du travail. La population n’a pas l’intention de se laisser assimiler ni d’abandonner ses convictions religieuses. S’ils résistent, c’est la prison, la torture et la mort qui les attendent ; c’est pourquoi, chaque année, beaucoup de Tibétains tentent de rejoindre l’Inde (l’année dernière, on compta 3000 réfugiés tibétains dont 1000 enfants, l’exemple le plus frappant étant le 17e karmapa), bravant tous les dangers les gelures, la faim, les conditions climatiques très rudes, les cols à traverser, harcelés par les soldats chinois ou remis aux gardes frontières chinois par des douaniers népalais peu scrupuleux) au péril de leur vie (beaucoup meurent en route).
Beaucoup d’enfants sont envoyés en Inde pour recevoir une culture tibétaine. Tous sont blessés.
Malgré le manque de volonté politique de la part des gouvernements de la communauté internationale, pour qui les intérêts économiques passent avant tout, le peuple tibétain, sous la direction de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, mène une lutte non violente pour que cesse enfin cette souffrance infinie du peuple tibétain et pour une réelle autonomie. En effet, Sa Sainteté le Dalaï Lama est allé aussi loin que possible dans les concessions en abandonnant l’indépendance du Tibet dans l’espoir de trouver une solution amiable aux 2 parties.
Jusqu’ici, Pékin s’obstine à faire la sourde oreille.
Pouvez vous vous rendre compte de la gravité de la situation au Tibet et de l’urgence de trouver une solution politique au problème ?
Quelle est la situation des femmes tibétaines au Tibet et plus particulièrement la violence et la discrimination envers les femmes ainsi que leur droit à la liberté de procréer ?
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Violence et discrimination envers les femmes tibétaines
Les tibétaines ont été en première ligne de la lutte pacifique du peuple tibétain contre l’occupation chinoise en 1959. Depuis, elles ne cessent de lutter pacifiquement pour l’indépendance de leur pays en critiquant l’occupation chinoise, en imprimant des dépliants, en enregistrant des chants patriotiques, en portant des drapeaux tibétains et en restant fidèles à Sa Sainteté le Dalaï Lama et à leur foi bouddhique.
Pour avoir osé exprimer pacifiquement leur conviction religieuse ou politique telle que « Vive le Dalaï-lama » ou « Vive le Tibet Libre », elles sont aussitôt arrêtées et soumises à des interrogatoires interminables et à des traitements violents, dégradants et inhumains. Elles sont traitées comme des criminelles. Les prisonnières sont d’abord déshabillées pour être fouillées puis elles sont battues à l’aide de bâtons, de boucles de ceintures, de barres de fer ou d’aiguillons électriques à bétail, elles sont pendues au plafond, la tête en bas, reçoivent des chocs électriques, sont exposées aux intempéries, brûlées avec des bouts de cigarettes incandescents.
Ce sont des tortures ciblées sur les femmes avec l’emploi de matraques électriques sur ou dans les parties génitales ; elles sont violées à plusieurs reprises ; les chiens sont lâchés sur elles. La malnutrition, les exercices physiques à outrance et les périodes prolongées de confinement solitaire (trous noirs où elles ne peuvent tenir ni debout, ni allongées, seulement recroquevillées), prennent les dernières forces de ces prisonnières de conscience. Les conditions d’emprisonnement sont préjudiciables à la santé et au bien être des prisonnières tibétaines.
Les 2 prisons les plus notoires du Tibet sont Drapchi et Gutsa. Les cellules sont très petites, sans lumière ni chauffage, même pendant les mois d’hiver et elles sont très sales et les seaux qui servent de W-C ne peuvent être vidés qu’une fois par jour.
L’âge des tibétaines emprisonnées va de 14 à 75 ans. Beaucoup meurent. Les nonnes, qui représentent 😯 % des femmes prisonnières au Tibet sont traumatisées par le dénudement devant d’autres hommes, les actes et les attouchements sexuels. Leurs voeux de chasteté sont violés, ainsi que la dignité et l’intégrité de leur personne. Ces lésions laissent des séquelles physiques et psychiques à vie.
La torture est pratiquée couramment au Tibet, bien que la Chine soit signataire de la convention contre la torture qu’elle a elle-même ratifiée en 1988. La torture est absolument interdite par les lois internationales.
Le témoignage de Ngawang Jampa, une religieuse qui fut détenue pour sa participation à une manifestation en 1989, raconte sa vie en prison :
« j’ai été battue avec des chaises, des cannes et des aiguillons à bétail. Ces derniers étaient placés dans ma bouche et tournés en tous sens. Placés dans la bouche, ils font saigner et épuisent rapidement le corps. Les gardes me frappaient aussi à la tête avec les aiguillons puis me donnaient des coups de pied dans l’estomac… Je fus laissée sans nourriture dans ma cellule pendant 9 jours. Je tombai gravement malade à la suite des coups. Une grosse tumeur apparut sur mon ventre et j’avais de graves blessures à la tête… Après 2 ans de coups perpétuels, de sous-alimentation, de prélèvements de sang forcés, mon corps était affaibli au point que la mort était proche. Je suppose que les autorités chinoises ont voulu éviter l’embarras de me voir mourir en prison. Aussi ils me relâchèrent… Je tremblais en permanence d’épuisement et de troubles nerveux et fus incapable de marcher pendant mes 2 premiers mois à l’hôpital ».
Une autre prisonnière de conscience, Phuntsog Nyidron fut arrêtée en 1989 après une démonstration pacifique et reçut une peine de prison de 9 ans. Quatre ans plus tard, avec 13 autres compagnes de prison, elle entonna une chanson pro-tibétaine en présence de soldats chinois et sa peine fut prolongée de 8 ans. Ainsi, elle reçut 17 ans d’emprisonnement et de torture.
Une des chansons dit « je suis en prison mais je n’ai nul regret. Mon pays n’a pas été vendu, il a été volé. Pour cela, nous avons versé tant de larmes, oh ! tant de larmes ! »
Une autre prisonnière dont certains d’entre vous ont déjà entendu parler : Ngawang Sangdrol est en train de purger une sentence de 21 ans d’emprisonnement. Elle fût arrêtée à l’âge de 10 ans en 1987 pour 15 jours et ensuite, à l’âge de 13 ans, elle fut reprise de nouveau pour 9 mois pour avoir participé pacifiquement à une manifestation. En 1992, elle fut condamnée à 3 ans de prison et de torture. Depuis, ces peines furent prolongées en 1993 pour avoir enregistré et chanté des chansons patriotiques, en 1996 pour avoir protesté contre le choix chinois du Panchen Lama et, en 1998, pour avoir crié des slogans pour l’indépendance du Tibet, elle fut sévèrement battue et torturée avec 2 autres nonnes. Ngawang recevait les peines les plus dures. Son corps est si meurtri et si épuisé que l’on craint le pire. Cependant, sa force morale et sa détermination à résister restent intactes.
Lors d’une manifestation à la prison de Drapchi, en 1998 à laquelle Ngawang Sangdrol avait participé, 11 prisonniers moururent de coups reçus par la suite par les soldats chinois, dont 5 nonnes. Les autorités chinoises déclarèrent que ces nonnes s’étaient suicidées. Si c’était le cas, comment se fait-il que ces suicides eurent lieu le même jour, un mois après l’événement alors que les nonnes étaient enfermées dans des cellules différentes et en confinement solitaire ? D’ailleurs les rapports officiels de la RPC ne mentionnent jamais ces cas, nient la torture et les décès dans les prisons. Personne n’a le droit de révéler ces faits sous peine de sanctions graves.
En 1999, selon le Centre des Droits Humains et de la Démocratie, 615 cas de prisonniers politiques connus, dont 162 femmes ont été enregistrés. Plus de 11000 moines et nonnes ont été expulsés des monastères et doivent suivre des cours de rééducation patriotique et abjurer leur patrie et Sa Sainteté le Dalaï Lama.
Pour échapper à tout ceci, beaucoup fuient, quitte à se mesurer au formidable rempart himalayen dans les conditions hivernales les plus dures, au prix de la peur, de la faim, de gelures, d’amputations au bout de la route, quand ce n’est pas simplement la mort par le froid ou la remise aux garde-frontières chinois par des douaniers peu scrupuleux.
Les fonctionnaires de la RPC maltraitent également les femmes ailleurs qu’en prison. Ils obligent parfois des jeunes filles à se prostituer. D’abord limitée autour des camps militaires et des casernes, la prostitution a pris un essor foudroyant au cours des quatre ou cinq dernières années et s’étale dorénavant au vu et au su de tous dans les nouveaux quartiers chinois, y compris jusque devant les portes de monastères. L’apparition des premiers cas de sida au Tibet sont à craindre. Les jeunes tibétaines sont contraintes de se prostituer pour survivre, faute d’accès à l’éducation et au marché du travail, en raison des discriminations politiques, sociales et culturelles à leur égard.
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Selon le Centre tibétain pour les Droits Humains et la démocratie à Dharamsala :
…. Dekyi Yangzom est morte le 13 mai 1998 à l’âge de 21 ans sous la torture, comme Tashi Lhamo, Tsultrim Songmo, Lobsang Wangmo, Kundol Yonten……
En avril 1996, eût lieu une campagne très dure de « rééducation patriotique » dans les établissements religieux du Tibet pour supprimer « les activités inutiles ».
Les nonnes sont forcées de dénoncer le Dalaï Lama et le Panchen Lama reconnu et d’accepter la version dérisoire de l’histoire du Tibet. Celles qui ont refusé sont expulsées des nonneries et mises en prison.
…. les tortures cruelles et dégradantes sont courantes dans les prisons chinoises (coup de matraques électriques et décharges sur tout le corps, obligation de se tenir debout sur un sol gelé juqu’à ce que le peau reste collée au sol….. Les prisonnières souffrent des formes les plus dégradantes de torture : bastonnades impitoyables, viols et agressions sexuelles, matraques électriques enfoncées dans la bouche le vagin et l’anus, enveloppement du corps par des fils électriques sous tension…….
La mortalité dans la prison de Drapchi est de 1 sur 20…….
Contrôle forcé des naissances :Politique de discrimination envers les Tibétaines pour la natalité : « il est nécessaire de forcer à la stérilisation les couples non stérilisés ou utiliser des contraceptifs » Politics and Law Tribune Pékin avril 1993.
Injections de « Levanor » (dont l’usage est interdit en occident) jusqu’au 9ème mois de grossesse.
Infanticides dans les hôpitaux : 2 enfants par couple pour les Tibétains. Les enfants suivants n’ont pas d’existence légale.
Avortement forcé et stérilisation après la naissance dans des conditions désastreuses (nombreux décès après intervention).
3 enfants pour les nomades, sinon : amende 3000 yuans et espacement obligatoire de 3 ans minimum entre les 2 enfants, sinon amende de 80 yuans……..
Jacques Peret
Source Buddhaline