À Brighton, Suzie Negus dirige la seule école bouddhiste officielle du Royaume Uni.
Un succès. Par Eric Rommeluère
Ils sont soixante-dix, âgés de quatre à onze ans, à fréquenter la Maison Blanche, une des écoles primaires de Brighton, une station balnéaire située à quatre-vingts kilomètres au sud de Londres. La grande bâtisse semble banale. Mais à l’entrée, une statue du Bouddha attire l’attention. Près d’elle, un portrait du Dalaï-Lama, parrain de l’établissement.
La Dharma School, nom officiel de la Maison Blanche, est en effet l’unique école bouddhiste britannique bénéficiant d’un agrément ministériel. Pour cette rentrée 2002, elle affiche complet. Lors de son inauguration, voici huit ans, ils n’étaient pourtant que quatre bambins à la fréquenter. Les cours avaient alors lieu dans le salon de Suzie Negus, cofondatrice et aujourd’hui directrice de cette école qui s’est rapidement agrandie.
En effet, dès la première année, vingt-cinq enfants étaient inscrits pour la rentrée suivante.
« Je cherchais pour ma fille quelque chose de plus humain, de plus chaleureux, de plus spirituel aussi, et je l’ai créé, explique-t-elle. Laura a acquis une grande confiance en elle-même et aujourd’hui elle se sent très à l’aise dans son nouveau collège de 1700 élèves. »
La scolarité annuelle à la Dharma School s’élève à près de 3900 euros, l’école ne bénéficiant d’aucune subvention publique. Malgré ce prix, le bouche à oreilles a fonctionné, au point que les parents doivent désormais inscrire leurs enfants sur une liste d’attente. Seuls 40% se revendiquent du bouddhisme. Marlene Rothwell-Brown, psychologue anglicane, y a aussi scolarisé son fils James « Un jour, j’ai vu son instituteur crier et James pleurait. Le maître m’a répondu que c’était “la seule façon de venir à bout des enfants”. Mon fils était devenu renfermé, angoissé. Depuis qu’il est dans cette école, tout va beaucoup mieux. »
L’école accueille d’ailleurs volontiers les élèves en difficulté scolaire. Les enfants sont répartis en trois groupes d’âge, chacun encadré par deux instituteurs. En plus des enseignements obligatoires, les enfants suivent des cours de français, d’art et de musique. Des enseignants bouddhistes sont régulièrement invités. Mais plus que des cours d’éducation religieuse à proprement parler c’est la vie et l’esprit même de l’école qui se veulent bouddhistes.
Les élèves sont vite sensibilisés aux principes qui gouvernent la communauté et que chacun, adulte ou enfant, s’efforce de respecter prendre soin de tous les êtres, respecter l’environnement et le bien d’autrui, accepter sa responsabilité dans les relations humaines, être aimable et honnête, se méfier des drogues — une adaptation simple des cinq préceptes essentiels du bouddhisme.
La journée démarre à neuf heures par un moment de recueillement et de dédicace, la puja. Les parents sont invités à participer à celle du vendredi. Elle est suivie d’un moment de partage et de discussion entre élèves et enseignants. Un moment fort. On y discute des nouvelles du jour et du programme prévu. On peut tout dire, tout faire, se plaindre, même pleurer. On y rappelle aux enfants que « tout passe, les bonnes choses mais aussi les mauvaises. »
Cette initiative originale, qui fait résonner éducation moderne et pédagogie bouddhique, est suivie avec intérêt par les communautés bouddhistes occidentales. L’expérience vaut en effet d’être observée, sinon imitée.
Actualités des Religions n° 42 octobre 2002
L’école de Brighton a célébré son vingtième anniversaire en 2014 – voir le site