On n’est jamais trop jeune pour pratiquer l’amour bienveillant. Gail Silver nous parle de la façon dont on peut enseigner metta à ses enfants
À mon retour de ma première retraite en silence, je débordais de bonté bienveillante et je me trouvais en train de réciter tout haut spontanément certaines phrases de la pratique de metta :
Puissiez-vous être heureuses
Puissiez-vous être confiantes
Puissiez-vous être fortes
Puissiez-vous vivre en paix
Est-ce que tu m’as dit de vivre en « pois », m’a demandé ma petite dernière ? Non chérie, ai-je répondu en riant, puisses-tu vivre en paix.
Tiré des écritures pali, metta est traduit en français par amitié bienveillante, amour bienveillant (ou bonté bienveillante). Ce mot est généralement employé en référence à une forme de méditation dans laquelle la pratiquante en récitant des phrases spécifiques se souhaite à elle-même du bien et ensuite étend graduellement ce souhait à d’autres avant de l’offrir de façon universelle à tous les êtres.
Pratiquer metta enrichit nos vies en créant en nous un sentiment chaleureux, en augmentant notre capacité de bienveillance et de compassion. Cet effet agréable peut être ressenti dans l’immédiat, mais le plus souvent, il se développe subtilement, se manifestant dans notre vie de tous les jours sous la forme de contentement et d’une appréciation renouvelée des autres.
Une fois qu’on a compris l’importance de metta, on peut l’employer non seulement pour adoucir nos vies mais aussi celles de nos enfants.
Choisissez un espace tranquille, libre de distraction et un moment de la journée où votre enfant est reposée, nourrie et relativement satisfaite. La durée de la pratique variera selon l’âge de l’enfant, mais alors que vous progresserez ensemble, sa capacité à s’asseoir pendant de plus longues périodes pourra augmenter, et la vôtre également.
Asseyez-vous confortablement sur un coussin, une chaise ou un canapé. Il s’agit que le corps se sente à l’aise et que l’esprit demeure alerte. Invitez votre enfant à fermer les yeux et à sentir sa respiration entrer et sortir du corps. Si elle le souhaite, elle peut compter ses respirations. Porter l’attention sur la respiration de cette façon permet à l’esprit de se libérer des pensées et le prépare pour la pratique.
Expliquer que metta est une pratique qui consiste à souhaiter du bien à soi-même et aux autres. Dites lui qu’il y a quatre phrases spécifiques et que nous commençons à les réciter pour nous mêmes.
La première phrase est « puissè-je être heureuse ». Alors qu’elle inspire, suggérez lui qu’elle peut avoir envie de sourire. En expirant, elle peut penser : « puissè-je être heureuse. Cela ne veut pas dire qu’elle doit être heureuse à l’instant même. Elle est simplement en train d’expérimenter ses pensées, en comprenant comment on se sent quand on se souhaite du bien à soi-même.
La seconde phrase est : « puissè-je être confiante ». En inspirant, elle peut aimer penser à quelque chose qui l’encourage ou la réconforte : un animal en peluche ou une adulte qui l’embrasse. C’est bien aussi si son esprit ne veut pas se limiter à quelque chose de trop spécifique. Dire les mots est suffisant. Avec l’expir, elle peut penser : « puissè-je être confiante ».
La troisième phrase est : « puissè-je être forte ». La force peut être comprise dans le sens d’une bonne santé ou le courage de ne pas s’écrouler quand la vie ne parait pas aller dans la bonne direction. En inspirant, tranquille et calme, votre enfant peut se visualiser elle-même de la façon qui lui parait bien pour elle, et en expirant, elle peut penser : « puissè-je être forte ».
La dernière phrase « puissè-je être tranquille » traite de la façon de se libérer de la souffrance qu’on peut éprouver à la fois dans le corps et l’esprit. Cela peut se traduire pour une enfant de la façon suivante : « que les choses ne soient pas difficiles pour moi, mais si elles le sont, que je n’ai pas trop de difficultés avec les difficultés. » En inspirant, elle peut aimer visualiser un radeau, flottant sans effort sur les vagues quand elles vont et viennent, et en expirant, elle peut penser : puissè-je être tranquille. »
Soutenue par ces bons sentiments, votre enfant est prête à pratiquer metta pour les autres : d’abord quelqu’un qu’elle aime, puis une personne neutre, puis une personne plus difficile et finalement pour tout le monde partout. Apprenez lui à réciter les mêmes phrases qu’elle a utilisées pour elle-même.
Vous pouvez demander à votre enfant : « Comment tu te sens après avoir pratiqué metta ? » ou « qu’est-ce que tu as le plus aimé avec metta ? ». Elle peut être ravie de découvrir que, de la même manière qu’un médicament fait baisser la fièvre ou qu’une pastille apaise un mal de gorge, metta peut l’aider à gérer les contrariétés de son quotidien. Précisez-lui que, contrairement à la médecine conventionnelle, une saine dose de « mettacine » est toujours à sa portée.
Gail Silver est directrice de Yoga Child, Inc. Son plus récent ouvrage pour les enfants s’intitule : Peace, Bugs, and Understanding (Parallax).
Source Shambhala Sun – Juillet 2015, traduction Bouddhisme au féminin