Accueil Films Un an au Tibet

Un an au Tibet

PARTAGER

Arte a rediffusé récemment une série de cinq documentaires de trois quart d’heure sur le Tibet « actuel ».

Notons tout d’abord que ce documentaire est fait par un chinois, ce qui doit nous amener à la plus grande prudence quant à la réalité de ce qui est filmé.

La première chose frappante c’est justement l’absence de chinois devant la caméra. Quand on sait que la politique de sinisation a conduit à ce que la population chinoise dépasse la population tibétaine, on se demande où ils sont passés.

C’est le premier point, le second point c’est le commentaire en voix off, lorsque ce commentaire critique le discours officiel de la Chine ou le parti communiste, est-ce que cela participe d’une habile politique de présentation pour faire passer le reste du message ou bien ce commentaire en voix off a-t-il été rajouté par les diffuseurs occidentaux ?

A décoder donc au second degré. Qu’est-ce qu’on peut dire de ce qui est montré ? que le Tibet a changé, qu’il s’est modernisé, que les tibétains s’adaptent à ces changements qui ne sont pas tous négatifs, en terme de soins, de communication, d’ouverture sur le monde, de remise en cause de superstitions ancestrales. Le téléphone portable, internet, la télévision sont entrés dans les moeurs, y compris dans les monastères.

Une assez grande partie du reportage est justement consacrée à un monastère (masculin bien entendu) parce que cela correspond à l’image que les gens aiment avoir du Tibet, un monastère de rituels, de cérémonies, d’étude des textes. La pratique méditative semble bien absente. Les jeunes moines ont été envoyés là par leur famille qui en obtiendra du prestige, qu’en est-il d’une vraie vocation ? au Tibet la question ne se pose pas encore semble-t-il. Du coup, il se produit des vols de reliques, probablement pour des trafics organisés par les moines eux-mêmes. Est-ce pour nous convaincre qu’une vision édulcorée et naïve du bouddhisme serait erronée ?

Pour ce qui concerne les femmes, le temps consacré aux nonnes et à une nonnerie se mesure à quelques images à la va vite, sans commentaires, sans interviews, la différence de traitement est frappante. On voit aussi une tibétaine ayant travaillé quarante ans pour le parti et jetée comme une vieille chaussette sans aucun recours, est-ce une cerise sur le gateau pour nous convaincre de l’authenticité et de la liberté du témoignage ? Restons sur ce questionnement sans conclure.

Pour ce qui est des femmes laïques, à la campagne, dans des villages reculés, la polyandrie existe toujours et la façon dont les femmes sont mariées sans leur accord, sans même qu’elles en soient averties jusqu’à l’heure où elles doivent quitter leur foyer est certainement choquante pour nous. Lorsque ce genre de tradition disparaitra, on ne peut que s’en réjouir.
En ville, justement, un jeune couple s’est formé, la jeune femme est venue vivre dans la famille du garçon de façon très simple, dans une acceptation mutuelle qui correspond à l’idée que nous nous faisons de la liberté de chacun(e) à disposer de son propre corps.

à lire : la Chine se décerne un satisfecit pour ce documentaire

et : La réalité de la liberté d’expression en Chine