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Yin Yang à notre façon

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Vous avez sûrement lu ce genre de texte ci-dessous :

Le symbole du Yin et du Yang est bien connu dans le monde occidental depuis la fin du XXe siècle. Le yin représente entre autres, le noir (ou souvent le bleu), le féminin, la lune, le sombre, le froid, le négatif, etc…, quant au yang, il représente entre autres le blanc (ou souvent le rouge), le masculin, le soleil, la clarté, la chaleur, le positif, etc… Cette dualité est également associée à de nombreuses autres oppositions complémentaires.

Ça vient de l’Orient, de Chine pour être plus précis :
Dans la philosophie chinoise, le yin et le yang sont deux catégories symbiotiques et complémentaires, que l’on peut retrouver dans tous les aspects de la vie et de l’univers. Cette notion de complémentarité est propre à la pensée orientale qui pense plus volontiers la dualité sous forme de complémentarité.

Comment pourrait-on questionner ce genre de « sagesse » millénaire ? Ces Chinois, tous des grands maitres, c’est tellement profond que c’en est abyssal. Et bien je questionne, oui, je questionne !! Non pas la complémentarité, mais les associations : la clarté, le positif, seraient masculin, le sombre, le négatif seraient féminin. Oui, je questionne et comment !! Et qu’on ne vienne pas me dire qu’il n’y a aucun jugement de valeur derrière ces mots, que c’est bonnet blanc et blanc bonnet, parce que justement, ça ne l’est pas.
La première chose que je conteste c’est que les symboles soient regardés aveuglément comme des vérités absolues, « objectives ». Ils sont tout simplement issus de l’esprit qui les formule, autrement dit, ils sont l’expression de l’esprit qui les crée. Et vous pouvez parier à mille contre un que c’est un esprit masculin qui a décrété ces associations.
Juste un regard sur la condition de la femme en Chine et on est édifié ! Aucun droit en tant qu’individu dans la Chine ancienne, sauf celui d’être battue. Le communisme n’a pas apporté que des choses négatives ; il a, entre autres, permis aux filles d’aller à l’école. Pour faire changer les mentalités patriarcales les plus détestables qui règnent dans la population chinoise, Mao rappelait que les femmes sont l’autre moitié du ciel.

Oui, le monde est le domaine de la dualité, mais moi je reformule autrement la dualité Yin-Yang :

clarté, humidité, fertilité, création, eau, féminin, positif, Yin, versus obscurité, sécheresse, destruction, feu, masculin, négatif, Yang.

Tiens c’est bizarre, ça ne sonne pas pareil !!

Qui peut contester que la naissance, la fertilité, le soin, le nourrissage, c’est féminin, alors que la guerre, la destruction, les bombes, les obus au napalm et la pornographie, c’est masculin ?

Alors, réapproprions nous la symbolique, cessons de donner crédit à ces projections issues des fantasmes et des peurs masculines. Le Yin-Yang oui, mais à notre façon…

La première des violences, c’est la violence dans les textes, les symboles, les idées, autrement dit dans le mental. Tout est d’abord mental comme nous l’enseigne le Bouddha, les actes en découlent inéluctablement.

Tout au long de l’histoire, les hommes n’ont cessé de s’évertuer à prouver qu’ils sont supérieurs, non seulement entre eux (la sélection darwinienne du plus fort), mais plus intelligents, plus « spirituels », plus ceci, plus cela, que les femmes, alors que les faits qui démentent ces affirmations égotiques sont aveuglants.

Je vous invite à des réflexions sur un site extrêmement fécond, sur précisément ce qui est appelé le chantier yin-yang Danièle

Suite de la contribution de Danielle pour le n° 15 (printemps 2012)

Yin_yang.svgJ’ai acheté le livre d’Amnesty suggéré dans le précédent numéro de Bouddhisme au féminin : « la fabrique de filles » et j’y ai trouvé une interview de Françoise Héritier que j’ai trouvé très intéressante et que je vous envoie. En tant qu’anthropologue, elle a constaté ceci :

« Toute société développe un système de valeurs. Nous ne pouvons penser ou nous exprimer sans utiliser un langage fondé sur des oppositions : haut/bas, sec/humide, chaud/ froid, actif/passif, sain/malsain, pur/impur, etc. De façon intuitive pour chacun de nous, ces termes sont dotés de l’indice masculin ou de l’indice féminin: «les hommes sont chauds, les femmes sont froides», ou « les hommes sont actifs, les femmes passives ». On attribue aussi à ces termes des valeurs positives ou négatives. Or, dans chaque culture, ce sont systématiquement les termes associés au masculin qui sont considérés comme positifs. Cela n’a rien à voir avec la définition des termes mêmes, mais avec leur affectation au masculin ou au féminin.« 

Elle donne un exemple sur la notion de passivité et d’activité, attribués de façon opposée en Orient et en Occident  à l’homme et à la femme. Lorsque c’est attribué à l’homme, cela devient une valeur positive, lorsque c’est attribué à la femme, cela devient une valeur négative.
Ses paroles illustrent parfaitement ce que j’ai écrit sur le symbole du yin et du yang dans la société chinoise. N’acceptons pas des symboles qui nous infériorisent. Si nous refusons d’entériner ces associations négatives à notre égard, elles perdront toute valeur. Danielle