Accueil Films Un monde sans femmes de Matrubhoomi

Un monde sans femmes de Matrubhoomi

PARTAGER

mondesansfemmesEn relation avec le thème de ce numéro sur la rencontre entre Orient et Occident, un film qui illustre ce que sera un monde où les femmes sont de plus en plus « rares »

Le déficit démographique féminin en Asie, résultat des avortements sélectifs. Il manque 100 millions de femmes désormais. Le résultat, ce film. On pourrait penser que le regard sur les femmes va changer, qu’on va enfin les « laisser vivre » et les regarder comme des êtres humains à part entière, il n’en est rien. La raréfaction des femmes permettra-t-elle à terme d’améliorer leur condition ? À l’heure actuelle, rien ne l’indique. En Chine et en Inde, notamment, on assiste à une marchandisation des femmes, qui, par endroits, finissent par ne représenter qu’un bien de consommation comme un autre.

Loin d’augmenter leur valeur symbolique, et donc les égards dont elles sont susceptibles d’être l’objet, la modernisation économique et le phénomène des «femmes manquantes » tendent au contraire à accentuer leur chosification. C’est le cas en Inde, notamment à travers le système de la dot. C’est aussi le cas en Chine, où, avec les réformes, la valeur marchande de la femme augmente, sans qu’elle soit pour autant, notamment dans les campagnes, l’objet de davantage de considération.

Etre plus rare n’implique donc pas forcément de devenir plus précieux. C’est ce qu’illustre remarquablement le film du cinéaste indien Manish Jha Matrubhoomi, un monde sans femmes (2005). L’histoire se déroule dans une région rurale de l’Inde où, depuis des années, la population féminine est décimée par l’infanticide. Un homme, Ramcharan, essaie désespérément de marier ses cinq fils. Non loin de là, un paysan pauvre cache son bien le plus précieux : Kalki, sa fille de 16 ans, d’une grande beauté. Informé par un de ses amis de l’existence de cette jeune fille, Ramcharan achète Kalki à prix d’or, officiellement pour la destiner à l’aîné de ses fils. Mais, une fois la noce célébrée, la jeune fille est livrée aux désirs des cinq frères et de leur père.

Plus tard, elle sera enchaînée dans une étable, abandonnée à la concupiscence des hommes du village, et finira par mettre au monde… une fille ! Fantastique plus que visionnaire, ce film montre néanmoins certaines dérives possibles d’une société privée de sa part féminine.

Articles en relation avec le dossier du numéro : Orient/Occident
Il manque désormais plus de 100 millions de femmes en Asie
Quatre projets pour les femmes en Asie du Sud
Suicide de femmes au Népal
Tribunaux de femmes en Asie
L’exil des veuves
Le sati en Inde ou le bûcher pour les veuves