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La puissance de la sincérité par Satomi Myodo

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« Ne sous-estime pas la puissance de la sincérité » : Satomi Myodo frappe à la porte d’un monastère de nonnes

Satomi Myodo est encore laïque, elle n’est plus jeune, elle a renoncé à ses pratiques de prétresse shinto (miko) et veut ardemment suivre la voie bouddhiste, elle a déjà essuyé plusieurs refus de la part de moines. Elle pense qu’il lui faut impérativement devenir nonne, elle a demandé à voir la supérieure d’une nonnerie vers laquelle un roshi l’a envoyé. Elle attend l’entrevue.

Quatre jours plus tard, un message est arrivé de la nonnerie, j’y suis allé aussitôt.

La prieure était douce et gentille, mais elle possédait aussi une grande force intérieure, soucieuse du moindre détail. Une fois les salutations d’usage terminées, elle dit : « j’ai beaucoup pensé à vous. … Je pense qu’il serait mieux pour vous de vivre chez une laïque dévote et de faire des allers retours entre chez elle et le couvent pour votre formation religieuse. Je vais chercher une telle maison pour vous. « 

« Oh non », je pensais. «  »C’est terrible! Cela pourrait être bon pour quelqu’un d’autre, mais pour moi ce n’est pas bon. Je dois être admise ! »  J’avais bien compris que la prieure était préoccupée par mon cas.  Mais, en réalité, le dilemme de ma double vie m’avait donné tant d’ennuis pendant de nombreuses années. J’avais enfin l’impression que je devais absolument arrêter d’être à cheval entre laïque ou religieuse.  Si je ne pouvais pas pratiquer le bouddhisme dans le couvent, ainsi soit-il ! Mais une pratique de ce genre, aller et venir, ça ne serait pas pratique du tout !

Je concentrais ma détermination. «Ne sous-estime pas la puissance de la sincérité! »pensais-je. «Tant que j’ai un souffle de vie, même si, « comme la rosée au matin » je vais disparaitre, je dois poursuivre, malgré les montagnes, en dépit des rivières ! Si je tombe, je me relèverai à nouveau ! Si je trébuche, je me redresserai ! Juste avancer ! Juste avancer ! Pour la vie ou la mort ! « 

Comme je l’avais prévu, je lui dis :  » Je veux pratiquer takuhatsu, (mendier quotidiennement son bol de nourriture aux laïques, comme font les monastiques) mais je n’ai pas le droit de le faire en tant que laïque. »

— Avez-vous ici quelqu’un qui puisse se porter garant pour vous ?

— Non, je suis garante de moi-même, Mais je suppose que si je suis mon propre garant, ce n’est pas valable ?

— Si vous tombez malade, ce serait un problème, n’est-ce pas ?

— S’il vous plaît ne vous préoccupez pas de cela ! Je pensais qu’il n’était pas nécessaire de s’inquiéter de ces choses avant qu’elles ne surviennent.

— Vous ne devriez pas dire cela. Dans un tel cas, vous devenez un problème pour ceux qui vous entourent.

— Oui, vous avez raison. . … » j’abandonnais.

Après avoir échangé plusieurs questions réponses, la prieure déclara : «Nous avons une limite d’âge à ce couvent;. Seules les femmes dans la vingtaine ou la trentaine peuvent entrer. »

Je pensais : «Ah, la carte maîtresse ! Ai-je échoué au test ? Eh bien, je suppose qu’il est inutile de discuter ». Je lui demandais : « Ne peut-on pas faire quelque chose à ce sujet ? »

— Non, nous ne pouvons pas violer les règles du couvent pour vous.

— Bien sûr.

Donc, ici aussi, j’échoue, pensai-je. J’essayais une dernière approche. « Si vous ne pouvez pas consentir à m’accepter en tant que nonne, ne pouvez-vous pas trouver à m’utiliser ? À n’importe quoi, cela m’est égal, je ferais n’importe quoi, n’importe quoi ! Mais s’il vous plaît laissez-moi rester dans un coin. Je vous en prie !
De façon inattendue, une larme roula sur mon visage. Je m’inclinais. Il n’y avait plus rien à dire, mes munitions étaient épuisées.

En fin de compte, les portes du couvent ne devaient pas s’ouvrir pour moi. Une fois de plus, j’avais puisé au plus profond de mon cœur. J’avais fait de mon mieux. Il n’y avait rien à faire, il n’y avait aucun lien karmique. Ainsi, je l’acceptai et ne sentis pas de regrets.

Extrait de Journey in Search of the Way – traduction Bouddhisme au féminin.

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