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La grande marche des dinosaures – docu-fiction animalier

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Ci-dessous des extraits d’un remarquable documentaire sur les dinosaures. Au départ, des fossiles patiemment rassemblés, des recherches approfondies, un peu d’imagination et une réalisation en 3D qui fait revivre de façon fascinante l’épopée de dinosaures qui migrent du pole nord vers des territoires plus cléments pour éviter l’hiver polaire.

Pour donner vie à cette épopée, le récit met en scène un « héros » Oscar, un jeune mâle « edmontosaure », qui va survivre aux prédateurs. Les prédateurs les plus courants sont des « troïdons » dont l’un se prénomme Patch, lui aussi mâle. Notre jeune héros Oscar est protégé par les adultes (on ne parle jamais des femelles) d’un prédateur terrifiant le « gorgosaure » qui fait ressembler ce documentaire à un film d’horreur qu’il vaut mieux ne pas montrer aux enfants. Donc notre jeune « héros » Oscar affronte divers dangers, une tempête, des éruptions volcaniques, des prédateurs divers, il perd son groupe, mais heureusement, il retrouve un vieux mâle adulte pour le protéger.

Pendant ce temps, Patch, le troïdon, voudrait s’accoupler, mais il doit d’abord devenir un chasseur hors pair. Les femelles qui doivent aussi devenir des « chasseresses hors pair » faute de mourir de faim n’intéresse pas le réalisateur.

Finalement, Oscar va retrouver les siens, il a « prouvé » qu’il était un « battant », et il est accueilli avec force démonstrations par des adultes qui pourraient être des femelles, mais ce n’est pas dit.

Bien évidemment, si seuls les petits mâles « battants » survivaient à cette marche, l’espèce n’aurait pas duré très longtemps, mais cela n’est pas précisé, puisque l’essentiel du message est : ouah, vous avez vu le ptit gars, qu’est-ce qu’il a été courageux !

Dans ce documentaire, le français n’étant pas neutre – contrairement à l’anglais où les substantifs n’ont pas de genre, quand aucun sexe n’est précisé -, tous les animaux sont par défaut conjugués au masculin. Et quand un sexe est précisé, ce sont toujours des mâles. La voix off est masculine. En une heure et demie, les seules références aux femelles seront, en quelques images, une jeune femelle edmontosaure, sans nom, qui se fait dévorer parce qu’elle a succombé à la tentation de manger (mais pas Oscar !), le commentaire en voix off : « elle n’avait pas une chance » et une femelle troïdon, également sans nom, qui s’est s’accouplé avec un autre que Patch.

En quoi ce documentaire nous concerne-t-il ? Il illustre de façon exemplaire à quel point l’histoire est racontée de façon unisexe, à quel point les petites filles et les femmes reçoivent sans arrêt le message que ce qui arrive à la population femelle de la planète n’intéresse « personne » (c’est-à-dire ceux qui racontent, les hommes !). Qu’à l’évidence, les femelles se débrouillaient tout aussi bien pour chasser ou pour survivre ne ressort absolument de ce documentaire. Nous sommes en plein dans une projection masculine inconsciente de bout en bout. J’exagère ? je vous laisse juge : regardez ces extraits. Monique