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En Thaïlande, les bikkhunis se voient refuser l’accès à la cérémonie funéraire du roi

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 Après s'être vu refusé l'accès à la cérémonie funéraire du roi Bhumibol Adulyadej, les bikkhunis, à gauche, saluent respectueusement les moines escortés dans le Grand Palais pour assister à la cérémonie. (de Bangkokpost.com) Après s’être vu refusé l’accès à la cérémonie funéraire du roi Bhumibol Adulyadej, les bikkhunis, à gauche, saluent respectueusement les moines escortés dans le Grand Palais pour assister à la cérémonie. (de Bangkokpost.com)

 

Alors que des millions de personnes à travers la Thaïlande continuent de pleurer le décès du très aimé roi Bhumibol Adulyadej (9 juin 1946-13 octobre 2016), et que les Thaïlandais se rendent en foule au grand palais de Bangkok pour rendre hommage à la dépouille du défunt roi, une partie de la société dans ce royaume bouddhiste a été empêché de participer à la cérémonie funéraire royale : les bhikkhunis, autrement dit les femmes monastiques pleinement ordonnées.

Un article récent du journal Bangkok Post indique qu’en décembre, un groupe de bhikkhunis de la province centrale de Nakhon Pathom a été refoulé du Grand Palais et a été réprimandé pour oser porter les robes safran des moines Theravada. Dans un incident semblable en novembre, une groupe de bhikkhunis de la province méridionale de Songkhla s’est également vu refuser l’entrée. Les deux groupes ont eu affaire aux fonctionnaires de l’Office National du Bouddhisme et de Mahachulalongkornrajavidyalaya, l’université bouddhiste qui est en charge de filtrer les visiteurs monastiques.

Bien qu’étant majoritairement un pays bouddhiste de tradition Théravada (sur 69 millions d’habitants,  93,2% se considèrent bouddhistes, selon les données de 2010 du Pew Research Centre de Washington, DC), la Thaïlande n’a jamais officiellement reconnu l’ordination monastique complète des femmes, qui y est toujours interdite. Malgré cette opposition officielle, des communautés de nonnes existent, dont certaines ont été ordonnées à l’étranger, mais elles ne bénéficient pas du même niveau d’acceptation sociétale que leurs homologues masculins. Par comparaison, la branche Mahayana du bouddhisme, plus répandue en Asie de l’Est, a historiquement ordonné les femmes.

« Nous avons été choquées et humiliées », a rappelé la Vénérable Dhammananda Bhikkhuni, qui a été ordonnée au Sri Lanka en 2001, devenant la première nonne Théravada pleinement ordonnée. « Nous avions déjà reçu la confirmation du bureau du palais que notre tour de rendre hommage au défunt monarque était fixé à 15h30. Nous ne nous attendions pas du tout à ce que cela se produise. »( Bangkok Post )

« Nous avons expliqué. . . Que  en tant que bhikkhunis Theravada ordonnées au Sri Lanka, nous ne faisons pas partie du clergé thaïlandais. Les règles interdisant l’ordination féminine par le clergé thaïlandais ne s’appliquent donc pas à nous.
DhammanandaD’ailleurs, nous avions déjà reçu la permission du palais pour venir », a déclaré le Vénérable Dhammananda, qui avait conduit 70 bhikkhunis et novices aux funérailles royales.

 

Le dernier roi, Bhumibol Adulyadej, également connu sous le nom de Rama IX comme le neuvième monarque de la dynastie des Chakri, a régné pendant plus de 70 ans, faisant de lui le chef d’État dont le règne a été le plus long dans l’histoire thaïlandaise. Largement aimé et respecté en Thaïlande, il était vu comme une figure unificatrice de la stabilité dans le pays qui a affronté des décennies d’instabilité politique ponctuées par de nombreux coups d’État militaires. Son seul fils vivant, Maha Vajiralongkorn, a depuis assumé le trône.

Selon l’officiel de l’université monastique, le professeur Teerapak Chaichana, «tout ceci est une question de règles et de règlements, pas de discrimination.» Le professeur Teerapak a déclaré que les monastiques qui avaient été écarté.e.s de la cérémonie par le Conseil  ecclésiastique n’avaient pas la certification cléricale nécessaire. Il a ajouté que les religieuses bouddhistes à robe blanche (maechis), qui ne sont pas ordonnées, n’ont été autorisées à entrer que par la porte destinée aux laïcs. Cependant, les moines étrangers et les bhikkhunis avec passeports ont été autorisés à entrer, a t-il observé.

En dépit de cette opposition ouverte et de cette volonté de domination de la sangha monastique masculine de Thaïlande, la Ven. Dhammananda reste impassible. Les Bhikkhunis gagnent les cœurs et les esprits des bouddhistes laïcs, et les nonnes de la nonnerie Songdhammakalyani, que dirige la Vén. Dhammananda, sont pleinement engagées socialement. Leurs activités comprennent la visite des prisons pour enseigner le Dhamma, aider les pauvres et les démunis et maintenir les liens avec les communautés voisines à Nakhon Pathom. Selon les médias, des centaines de bouddhistes laïcs visitent régulièrement la nonnerie pour entendre les paroles du Dhamma prononcées par la Vénérable Nandanyani Bhikkhuni, une ancienne mathématicienne. La nonnerie organise également des réunions de Dhamma en fin de semaine, qui incluent des instructions de méditation pour les parents et leurs enfants.

« En fait, nous avons reçu le soutien de nombreux moines d’esprit plus large. Le changement a lieu en faveur de l’ordination féminine, non seulement en Thaïlande mais ailleurs dans le monde « , a déclaré le Vén. Dhammananda. « Quels que soient les défis à venir, nous continuerons à pratiquer comme Bhikkhuni. Quelle que soit la résistance des institutions officielles, plus de femmes choisiront de poursuivre un chemin spirituel en tant que femmes monastiques. « ( Bangkok Post )

Source Buddhist Door (Craig Lewis) Traduction Bouddhisme au féminin

voir un article sur les nonnes dans le Théravada

voir une interview de Dhammananda