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Elisabeth Drukier, devenir nonne en Inde

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Contribution de Elisabeth Drukier pour le thème du n° 21 : Devenir nonne

Elisabeth rencontre le bouddhisme en 1974 au cours d’un voyage au Népal, elle se rend par curiosité au monastère de Kopan qui donnait un cours de méditation, près de Katmandou. Quand elle arrive dans ce monastère, elle a l’impression de « rentrer chez elle. »
Elle y reste cinq ans et prend assez rapidement l’ordination auprès de ses maîtres. Elle vit dans une communauté monastique d’Occidentaux et fait de longues retraites. Au bout d’un certain temps, ses maîtres lui disent de rentrer en Occident. Voyantqu’il manquait d’endroits propices pour que les Occidentaux puissent pratiquer le Dharma, elle a à coeur de créer un environnement adapté à la pratique. C’est qu’est né le centre Kalachakra, à Paris, associé à un centre de retraite dans la Sarthe.

L’appel

Très vite après avoir rencontré le bouddhisme en 1974, j’ai ressenti comme un appel, je souhaitais ressembler à ces moniales en rouge et jaune ,le crâne rasé. Elles semblaient si heureuses.

Je me suis renseignée sur les vœux. Ne pas tuer ; voler mentir, pas d’intoxicant et chasteté et tout un panel de préceptes de vie relié à la vie en communauté me convenaient parfaitement.

Etant avant le bouddhisme une activiste féministe, je ne pouvais me projeter dans le futur avec une famille et des enfants. Les mouvements féministes prônent une libération extérieure à l’égal des hommes dans les domaines sociaux, professionnels et sexuels.

Mais la femme dite « libérée » est-elle heureuse ? Elle est toujours soumise à ces perturbations émotionnelles intérieures, tels que le désir attachement à un soi, la colère ,l’orgueil etc…

Il faut un long entraînement pour pouvoir alléger, voire se débarrasser de ces démons intérieurs.

L’ordination permet cela. Elle permet d’endiguer, d’entraîner son esprit, d’instaurer un certain calme une sérénité qui laisse entrevoir la véritable nature de notre esprit.

Bien sûr, le chemin à parcourir est semé d’embûches telles que le doute. Mais il ne faut jamais prendre de décisions sous le coup de l’émotion. Dans la tradition tibétaine nous prenons les vœux de moniale pour cette vie ainsi que les suivantes.

La décision de rendre ces vœux est donc grave et lourde (karmiquement). Il est important avant, de prendre du temps, de la distance pour la réflexion.

Les moines et moniales redevenus laïcs , j’en ai rencontré beaucoup et j’ai très peu d’exemples de retour heureux à une vie laïque . Il me semble que l’on devient moine ou moniale par prédestination et il est difficile d’échapper à son destin. Nos vies antérieures nous marquent au fer rouge.

L’âge et la maturité apportent les fruits de la pratique