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Comment réaliser un Tangka par Djen Do

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Dès que nous commençons à nous intéresser à la culture tibétaine, il est impossible de passer à côté de l’art des Tangkas.

Cet art traditionnel datant de plusieurs siècles nous fait découvrir les divinités bouddhiques de façon magnifique.

Peut-être ne savez-vous pas exactement ce qu’est un Tangka ?
Voici une brève explication:
Le mot Tangka signifie « chose que l’on déroule ». Ce sont des peintures traditionnelles sacrées typiques de la culture tibétaine réalisées sur toile. Elles peuvent représenter des divinités Bouddhistes, des mandalas, des calendriers ou des portraits du Dalaï-Lama. Elles sont utilisées pour des cérémonies religieuses ou des évènements particuliers.
Vous pouvez en savoir plus sur les Tangkas en allant voir cet article

Certes, pour que ces peintures restent traditionnelles et ne perdent pas de leur intensité, il faut les réaliser dans les règles de l’art.
Mais savez-vous que vous-même pouvez dessiner ou peindre des Tangkas?

C’est ce que je souhaite transmettre aujourd’hui, car c’est une de mes passions. Je trouve ces peintures tellement fascinantes et splendides… Je prend tellement de plaisir à les réaliser que je voudrai partager cela avec vous. Voici par exemple un Tangka de Sarasvati que j’ai réalisé:

Sarasvati
Sarasvati

Mais pour cela, il y quelques techniques primordiales à respecter afin que la représentation de votre divinité soit un Tangka. Ce n’est pas un art à prendre à la légère. Comme vous vous en doutez, représenter des divinités Bouddhistes à une incidence sur notre façon d’aborder la vie. En effet, réaliser un Tangka revient à réciter plus de 10 000 fois le mantra de la divinité ou faire la pratique plus d’une centaine de fois. Ce n’est donc pas anodin.

Et c’est pour cette raison que tout le monde ne peut pas représenter toutes les divinités. Pour certaines, il faudra avoir fait sa prise de refuge, avoir eu l’initiation, voir même pratiquer tous les jours comme par exemple pour les divinités courroucées.

Tout de même, il y a quelques déïtés que tout le monde peut peindre ou dessiner, même les non Bouddhistes. Je pense par exemple à Amitabha, Chenrézig, Sakyamuni, etc… Il y a déjà de quoi se faire plaisir.

LA TECHNIQUE DE RÉALISATION

Mais passons aux choses sérieuses.
Tout d’abord, pour pouvoir réaliser un Tangka, il faut une chose indispensable: une trame. Sans trame, pas de divinité correctement représentée dans les normes.
La trame est en fait une sorte de quadrillage plus ou moins complexe servant de « guide » au tracé du dessin. Chaque trame est différente pour chaque divinité.
Ce quadrillage est à reproduire selon ce que l’on appelle la » norme » de la personne qui réalise ce Tangka. Cette norme se trouve en mesurant la base de l’ongle du petit doigt.
Le Tangka est alors, de ce fait, aux proportions de celui qui le dessine.
Voici un exemple de trame:

Trame tte boddhisatva
Trame tte boddhisatva

Malheureusement, ces trames sont extrêmement difficiles à trouver. Il n’y a pas de livre les regroupant par exemple. Il est possible d’en trouver une ou deux sur internet en cherchant bien mais c’est très limité. Il est possible de prendre des cours dans certains centres Bouddhistes occasionnellement ou lors de stages organisés par des artistes venus le plus souvent du Népal.

Vous l’aurez compris donc, pas de trame, pas de Tangka.

Ensuite, il faut respecter les codes de couleurs. A ce niveau là non plus nous ne sommes pas tout à fait libre. Amitabha par exemple à la peau rouge orangée. Vous ne pouvez pas la laisser blanche ou la faire verte. Toutes les divinités ont leurs codes de couleurs qu’il faut respecter. Les auras, les couleurs de peau, d’yeux, etc. Toutes ces couleurs sont le symbole de quelque chose de précis et ont un sens. Vous avez juste un peu de latitude au niveau des tonalités de ces couleurs mais c’est tout.
Par contre vous pouvez choisir de faire les fleurs roses, violettes, bleus, rouge par exemple. Vous avez donc beaucoup plus de libertés au niveau des décors.

Enfin, il faut également respecter les « décorations ». En effet, je reviens encore sur l’exemple d’Amitabha, son animal est le paon. Vous ne pouvez donc pas l’accompagner d’un cygne par exemple.
Les offrandes devront correspondre à celles des divinité paisibles, etc.

Les Tangkas sont des peintures remplies de symboles qu’il faut respecter pour garder tout leurs sens. C’est aussi pour cette raison que les « apprentis » passent autant d’années avec leur maître. Il faut dire aussi que la technique de réalisation est assez poussée et demande du temps pour être parfaitement intégrée.
Plusieurs divinités peuvent être représentées de différentes façons. Parfois debout ou assises, parfois avec des vêtements ou des auras de différentes couleurs. Cela dépend du but qu’aura le Tangka, de quelles énergies sont nécessaires à ce moment là.
Rien ne vous empêche donc de « mixer » selon vos gouts ou votre intuition.

Cela demande une certaine connaissance des symboles bouddhistes tibétains, certes, mais cela n’est pas impossible, loin de là. Il est aussi tout à fait possible de trouver un Tangka splendide et de vouloir simplement le reproduire (en respectant sa norme bien sûr). Mais généralement, on a envie au fil de sa construction de changer quelques petites choses. On se dit qu’avec tel ou tel petit détail ce serait plus esthétique ou la fleur de telle couleur ferait mieux ressortir l’aura, etc.

Et c’est aussi ce qui est magique lorsque l’on réalise un Tangka. On se prend autant au jeu artistique qu’au bien être que cela procure.
Car il ne faut pas l’oublier, les Tangkas sont des supports de méditation. Et comme je l’ai dit précédemment, on se connecte aux énergies de la divinité représentée puisque cela revient à la pratiquer. Cela nous apporte donc énormément de choses au niveau spirituel voir même psychologique, mais cela est un autre sujet. Si toutefois vous êtes intéressé par les bienfaits que procurent le dessin de Tangka, vous pouvez voir cet article.

C’est donc à la portée de toute personne désireuse de tenter l’expérience. Même pour quelqu’un qui n’a jamais pratiqué le dessin, il est possible d’y arriver. D’ailleurs il est tout à fait possible d’apprendre à dessiner par ce biais.
Les jeunes apprentis tibétains à la base ne savent pas dessiner. Au début de leur formation, ils réalisent seulement les décors des Tangkas de leur maître. Le moment venu, ils dessinent les divinités en se basant sur les trames. Puis petit à petit, ils simplifient la trame jusqu’à ne faire que de grossiers repères. C’est donc la preuve qu’ils parviennent à dessiner parfaitement.
Mais c’est sûr qu’il faut de l’entraînement et de la patience.

Personnellement, j’utilise une technique de réalisation des Tangkas adaptée à notre culture.
Je m’explique: au Tibet les Tangkas sont réalisés sur des tissus et colorés avec des peintures à base de pigments naturels. Si l’on veut rester dans la pure tradition, c’est donc ce que nous devrions faire aussi. Ce n’est pas impossible bien sûr, mais c’est assez complexe et onéreux de se procurer ces peintures.
Rappelons-nous que ce qui est vraiment important, c’est de respecter la trame (les normes), les codes de couleurs et certains symboles.
Nous pouvons donc réaliser un Tangka sur toile, sur papier, sur verre, sur un mur… avec de la peinture à l’huile, à l’acrylique, des feutres, des crayons de couleurs, de la peinture pour tissu, etc. Bref, on peut utiliser tous les supports et les techniques que l’on veut.
Le résultat va d’ailleurs être totalement différent selon la méthode employée.
C’est également un moyen de rendre accessible à toutes les bourses cet art encore mal connu.

Avant de terminer, je voudrai juste vous donner un petit conseil: si vous avez envie de vous lancer dans l’aventure du dessin de Tangka, je vous conseille de commencer par une tête de Boddhisatva, puis par un Boddhisatva entier « nu » et enfin de réaliser une divinité « entière ». Surtout si vous êtes débutant en dessin.
Même si vous êtes déjà à un bon niveau, il est bien de suivre ces étapes pour se familiariser avec le principe de la trame car parfois, cela peut être complexe.

Pour transmettre ce savoir et cette technique de réalisation de Tangka, j’ai créé un guide où tout est expliqué clairement, avec la méthode pas à pas, les modèles, bref, tout ce qu’il faut pour dessiner une tête de Boddhisatva. Si vous souhaitez recevoir ce guide et réaliser votre premier Tangka, cliquez ici

C’est avec plaisir que je vous l’offre.

DjenDo de http://tangkas.co-createurs.com/

Djen Do est mon nom d’artiste. En réalité je m’appelle Jennifer et j’ai 34 ans.
Je dessine des Tangkas depuis l’âge de 10 ans car, dans ma famille, tout le monde est passionné par cet art. Du coup, c’est ma mère (elle a appris au centre de Dhagpo Kagyu Ling de 1978 à 1981) qui m’a fait dessiné mes premiers Tangkas, puis d’autres personnes au fur et à mesure que je souhaitais me perfectionner.
Depuis ma toute petite enfance j’adore dessiner et je dois avouer que l’art des Tangkas a particulièrement amplifié cette passion.
Alors c’est naturellement que je me suis dirigée vers des études artistiques (Beaux-arts puis licence en arts-plastiques à la Sorbonne de Paris). En effet, je voulais apprendre à dessiner c’est à dire à reproduire ce que je souhaitais. Malheureusement ce ne sont pas les études qui permettent de savoir dessiner…
Par contre, l’entraînement, dont le dessin de Tangkas, oui. C’est ça qui m’a permis de savoir reproduire un portrait ou une main. C’est aussi ça qui m’a fait comprendre comment gérer les couleurs, faire des dégradés, etc.
Et ce n’est que la partie technique. Au niveau spirituel et même psychologique, les Tangkas m’ont également beaucoup apporté.
C’est un art très complet à de nombreux niveaux et c’est pour cette raison que je souhaite le faire connaître un peu plus et surtout un peu mieux. Il mérite d’être connu et pratiqué.